Qué viva Mauricio Demierre

Affiche Qué viva Mauricio Demierre
Réalisé par Stéphane Goël
Pays de production Suisse
Année 2006
Durée
Genre Documentaire
Acteurs Jennifer Peedom
N° cinéfeuilles 531

Critique

"En février 1986, Maurice Demierre, jeune technicien agricole fribourgeois, tombe sous les balles des ""contras"" antisandinistes. Vingt ans plus tard, la comédienne Chantal Bianchi, sa compagne des années 80 (elle avait 21 ans quand elle l'a rejoint au Nicaragua), décide de rassembler les documents vidéo qu'elle possède et de demander au cinéaste Stéphane Goël de réaliser un documentaire sur Maurice Demierre. Le film se présente à la fois comme un hommage rendu par Chantal Bianchi à son ancien compagnon de route et un témoignage de sa part sur cette période de leur existence commune.

Ce moyen métrage est constitué en partie d'images tournées lors d'une cérémonie à la mémoire de Demierre, qui a eu lieu au Nicaragua il y a quelques mois. Chantal Bianchi s'y est rendue avec plusieurs acteurs de sa troupe (""Les ArTpenteurs""), proposant un spectacle aux habitants du village où elle avait vécu, s'adressant ainsi à tous les survivants de cette période troublée.

Le film de Stéphane Goël n'est pas dépourvu d'intérêt, ni d'émotion, même s'il survole peut-être trop de choses: les événements politiques d'abord - la chute du régime dictatorial de Somoza, l'arrivée au pouvoir des sandinistes en 1979, leur défaite lors des élections de 1990 -, puis la courte vie du jeune coopérant engagé dans un mouvement d'entraide non violent (""Frères sans frontières""), et l'existence enfin, douloureusement brisée, de Chantal Bianchi, qui parle de son ""deuil vivant"".

QUE VIVA MAURICIO DEMIERRE est un film clair dans sa démarche. Les rappels historiques sont concis, trop parfois, les interviews judicieuses, les commentaires de la narratrice sensibles. Chantal joue le rôle de fil conducteur de ce récit à la première personne, riche de documents importants (tout particulièrement les séquences tournées en 1984-86). Le ton est souvent à l'émotion - comme lorsque Chantal questionne l'un des assassins de son compagnon -, la nostalgie affleure bien sûr, cela d'autant plus que la révolution sandiniste, on le sait, a fait long feu, et que les coopératives agricoles ont disparu, le néolibéralisme reprenant possession du pays.

QUE VIVA MAURICIO DEMIERRE, au-delà d'un témoignage personnel, fait référence à la mémoire collective des années 80. S'y ajoute aussi, avec l'évocation explicite du rôle joué à l'époque par les Etats-Unis dans le financement de la lutte antisandiniste, un contrepoint historique qui, aujourd'hui, n'a guère perdu de son actualité."

Antoine Rochat