Congo River - Au-delà des ténèbres

Affiche Congo River - Au-delà des ténèbres
Réalisé par Thierry Michel
Pays de production
Genre
Acteurs Jennifer Peedom
N° cinéfeuilles 531

Critique

"Thierry Michel aime filmer l'Afrique en général, le Congo en particulier. Il leur a consacré plusieurs documentaires. Plusieurs, dont celui-ci, ont été primés. CONGO RIVER est contenu dans son sous-titre, ""Au-delà des ténèbres"", référence à l'une des œuvres les plus troublantes de Joseph Conrad.

Avec ses 4'371 km, le Congo est le plus long fleuve d'Afrique après le Nil. Il déverse dans l'Atlantique la moitié des eaux du continent. Il a forgé le pays (Zaïre signifie rivière) dans lequel il s'enroule, coulant du sud au nord, puis du nord au sud-ouest. Comment s'étonner que les Africains le peuplent de toutes sortes d'esprits? Entre 1874 et 1877, Stanley a descendu pour la première fois son cours, ouvrant la voie à la colonisation de l'Afrique centrale. Thierry Michel rappelle la présence belge par des images d'archives. Son voyage part de l'embouchure du Congo et remonte jusqu'à sa source, à la frontière zambienne.

Le fleuve est l'unique moyen de communication de tout un peuple. Il est la colonne vertébrale du pays, dit un Africain. Il est aussi celle de ce film qui, avec une grande pudeur, montre, constate, révèle. Le Congo? Ce sont les eaux ensablées des naufrages, les eaux brunes des mines de cuivre, les eaux ensanglantées des guerres. Le réalisateur a embarqué sur une barge incroyable, qui défie toutes les normes de sécurité. Des familles entières y vivent du commerce. Ces barges coulent, parfois, faisant des centaines de noyés. D'autres s'enlisent et restent là des mois. Le tournage de CONGO RIVER était risqué. ""J'ai voulu découvrir l'Afrique dans son intemporalité, dans son retour à ses origines, mais aussi dans les tumultes de ses crises. Parce qu'un fleuve est toujours le témoin de l'histoire.""

Cérémonies catholiques teintées de fétichisme et d'abus, pillage des ressources par les multinationales, tragédies de la guerre... Et ce personnage halluciné qu'est le général Maï-Maï, descendant direct du Kurtz de Conrad... Thierry Michel est-il vraiment allé au-delà des ténèbres? Oui, parce qu'il montre aussi la joie de vivre, les chants, des paysages grandioses. Les personnages sont beaux. Il faut voir danser le capitaine de la barge, lorsqu'il apprend la naissance de son troisième fils. Ce capitaine qui, en 25 ans de navigation, n'a jamais connu d'accidents. Au-delà des ténèbres, oui, parce qu'à sa source, l'eau du fleuve Congo est cristalline et que c'est sur elle que le réalisateur boucle son documentaire."

Geneviève Praplan