Critique
"Ce premier long métrage d'une réalisatrice britannique s'inscrit dans Advance Party, concept impliquant que trois cinéastes développent des scénarios en se fondant sur un même groupe de personnages. Il a reçu le Prix du Jury - distinction quasi aussi prestigieuse que la Palme - au Festival de Cannes 2006.
C'est aussi l'occasion pour Kate Dickie, personnage principal, de faire sa première apparition sur grand écran. Sans être un ""canon"", elle est remarquable de sensibilité et de finesse, et porte le film à elle seule. Elle incarne une opératrice d'une société de vidéosurveillance à Glasgow, scrutant des dizaines d'écrans afin d'y déceler tout événement anormal (soit dit en passant, Londres est depuis les attentats islamistes la ville la plus tenue à l'œil du monde).
Au-delà de la protection des personnes et des biens, Jackie poursuit un autre but: ayant repéré l'homme qui, conduisant défoncé au crack, a écrasé son mari et son enfant, elle tente de se venger.
Caméra virtuose, ambiance crépusculaire, alternance d'images nettes et du flou des écrans, suspens bien mené, observation pointue de quartiers défavorisés: le quotidien est sombre. Et l'on s'interroge sur l'utilisation à des fins personnelles d'un équipement peu sensible à la sphère privée."
Daniel Grivel
