Critique
"A la lisière d'une forêt, Candida et Ramon, un couple de vieux paysans paraguayens, installent leur hamac. La caméra est immobile, lointaine, elle le restera tout le long le film, ne se rapprochant guère des deux personnages, se limitant à les filmer une ou deux fois de dos, en ignorant leurs visages. On entend le bruit des oiseaux et les aboiements répétés d'un chien. Le ciel est lourd, l'orage menace, sans éclater.
Le film, composé d'une vingtaine de longs plans fixes, repose essentiellement sur quelques propos échangés par le couple: on parlera du chien qui hurle, de la pluie qui ne tombe pas, de la misère qui touche le pays, de l'absence de Maximilio, le fils mort semble-t-il à la guerre (le dossier de presse précise qu'en 1935 le Paraguay est en conflit avec la Bolivie).
HAMACA PARAGUAYA est un film sur le silence et la tristesse, sur la solitude et la mort. Chaque image, par sa durée, épuise l'action (alors même qu'il n'y en a pour ainsi dire pas), et les échanges verbaux sont réduits à leur plus simple expression. Chaque plan cherche à transmettre quelques gestes, quelques petits détails de la vie, dans son déroulement banal.
""J'ai décidé de ne pas craindre le temps"", dit la réalisatrice. Soit. Il n'empêche que le spectateur se lassera vite de cet étirement temporel, de ce silence à peine traversé de quelques cris stridents de cigales ou par les aboiements incessants du chien... Un film sur l'attente. De jours meilleurs?"
Antoine Rochat
