Ces filles-là

Affiche Ces filles-là
Réalisé par Tahani Rached
Pays de production Egypte
Année 2006
Durée
Musique Tamer Karawan
Genre Documentaire
Acteurs Jennifer Peedom
N° cinéfeuilles 526

Critique

Le monde dans lequel nous plonge la documentariste égyptienne Tahani Rached n'a rien de rassurant. CES FILLES-LA nous entraîne dans l'univers d'une dizaine d'adolescentes qui vivent dans les rues du Caire, un univers où règnent la violence et l'oppression, en même temps qu'une certaine forme de liberté qui se paie très cher. Ces jeunes filles sont doublement marginalisées: d'abord parce qu'elles sont femmes, et ensuite parce qu'elles ont rejeté et fui l'autorité familiale - le plus souvent la violence d'un père, à en juger par leurs récits. Elles ont décidé de vivre dans les rues, avec des règles, des codes qu'elles se sont choisis, tout en défiant l'ordre social.

Leurs journées sont semées d'embûches: menaces de rafles de la police, disputes internes qui dégénèrent, rapts organisés par leurs compagnons de rue qui cherchent à les mettre sous leur coupe. Femmes-enfants, filles-mères, elles vivent toutes dans le moment présent, s'accrochant à de petits boulots ou recourant à la mendicité, dormant à même le sol ou dans de vieilles carcasses de bus ou de voitures. Elles sniffent, elles avalent des pilules pour oublier leurs problèmes. Danses, acrobaties, cavalcades dans la circulation des rues sur un cheval tout droit sorti d'un rêve, ou sur un âne... on n'est pas toujours très loin de l'enfance. Il y a pourtant chez elles une forme de solidarité, et ces filles-là nous étonnent par leur vitalité, par l'énergie qu'elles déploient, le rire qui les anime. Par la dureté aussi dont elles doivent faire preuve pour affronter le quotidien. Pour elles, tout se pose en termes de survie.

Une petite touche d'espoir tout de même: une mère de famille du quartier a décidé de passer régulièrement les voir, de rester à leur disposition, de les aider par ses conseils et les réconforter au besoin par sa présence. Sera-ce suffisant? L'avenir de ces adolescentes en fuite paraît bien sombre, la cinéaste ne le cache pas. Son film se limite à écouter ces adolescentes, à enregistrer des scènes prises sur le vif, sans trop de commentaires.

Antoine Rochat