Ryna

Affiche Ryna
Réalisé par Ruxandra Zenide
Pays de production Roumanie
Année 2005
Genre Drame
Acteurs Jennifer Peedom
N° cinéfeuilles 522

Critique

"Ce premier long métrage est prometteur, comme l'a relevé Philippe Dériaz (voir CINE-FEUILLES n. 514, p. 16). Et ce n'est pas pour rien que, après avoir fait l'ouverture du Festival Tout Ecran, à Genève, il a obtenu le Reflet d'Or pour le meilleur film ainsi que le Prix de la FIPRESCI. On a déjà pu le voir à la Télévision romande, qui l'a coproduit, et il sort sur les écrans romands le 5 avril, jour de parution du présent numéro.

C'est la Roumanie d'après le ""Génie des Carpates"" qui sert de cadre à une histoire mélancolique, et plus précisément un bourg sur le delta du Danube. On perçoit un pays sinistré où, comme ailleurs dans les décombres de l'ex-URSS, le système D, la magouille et la corruption fleurissent.

Ryna (Dorotheea Petre, saisissante) est une jeune fille de 16 ans exploitée par son père, alcoolique déçu de ne pas avoir eu de descendant mâle et interdisant de ce fait à sa mécanicienne de porter des robes et des bijoux. Malgré les salopettes et les cheveux taillés courts, elle trouve quelques échappatoires pour sa féminité, se passionnant pour la photographie et flirtant timidement avec un facteur un peu gauche dans l'expression de ses sentiments. Elle fait la connaissance d'un étudiant français préparant une thèse sur la latinité et le guide dans ses recherches, tandis que le maire du patelin a des visées troubles sur elle.

A l'occasion d'une fête, Ryna brave les interdits paternels et revêt une tenue féminine et seyante, inconsciente des conséquences que va provoquer cette métamorphose.

Cette moderne histoire de Peau d'Âne n'a pas le côté picaresque des films de Kusturica ou de Iosseliani par exemple. L'ambiance d'une société où des gens sous-payés font ce qu'ils peuvent pour subsister est pesante. Dans ce contexte bien rendu par des images en clair-obscur, Ryna brille comme un diamant sur un terril. On sent la sympathie de la réalisatrice pour un personnage qu'elle a très bien su diriger. Le visage et le courage de la petite Roumaine hantent encore ma mémoire."

Daniel Grivel