Delwende - Lève-toi et marche

Affiche Delwende - Lève-toi et marche
Réalisé par S. Pierre Yameogo
Pays de production Burkina Faso
Année 2004
Durée
Musique Wasis Diop
Genre Drame
Distributeur trigonfilm
Acteurs Blandine Yameogo, Célestin Zongo, Claire Ilboudo, Daniel Kabore, Thomas Ngourma
Age légal 10 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 504
Bande annonce (Allociné)

Critique

Mention spéciale du Jury œcuménique: "Pour l'histoire d'une jeune femme courageuse qui s'oppose au pouvoir patriarcal de son village africain et met en évidence la solidarité et la vérité contre certaines coutumes et superstitions oppressives."

Au Burkina Faso, un pays confronté aux problèmes de développement comme à ceux du poids des traditions, les coutumes ancestrales ont souvent force de loi.

Pougbila, une jeune fille d'un petit village, est victime d'un viol. Elle en parle à sa mère Napoko, tandis que son père - qui n'en veut rien savoir - accuse sa femme d'être responsable de plusieurs décès récents survenus au sein de la communauté villageoise. Dans les campagnes certaines morts inexpliquées - il s'agirait dans le cas particulier d'une sorte de méningite - sont attribuées à des ""mangeuses d'âmes"", des femmes qui, en raison de pouvoirs supposés occultes et maléfiques, seraient responsables de disparitions. Marginalisées, elles deviennent alors les boucs émissaires de toute la société. Chassée de son village Napoko devra se réfugier dans un misérable centre d'hébergement à Ouagadougou. Sa fille Pougbila partira à sa recherche.

Produit par le Burkina Faso, la France et la Suisse, Delwende est un film dont la tension va grandissant au fur et à mesure que se révèle le poids des superstitions et des traditions. Avec les dernières séquences et la description quasi documentaire d'un établissement d'accueil dans la capitale burkinabé, on touche à l'insupportable. Film de révolte, Delwende est un cri qui mériterait d'être entendu.

Antoine Rochat


S. Pierre Yameogo est né en 1955 au Burkina Faso. Il fait des études à Paris et obtient une maîtrise en communication. Il réalise de nombreux films, aussi bien des documentaires que des fictions. Mais toujours il cherche à défendre des valeurs auxquelles il croit fermement. En particulier, il désire participer à l'évolution de son continent, ralentie par certaines coutumes. ""Ce film, dit-il, a pour but de faire évoluer les mentalités, de contrer les croyances et de réveiller une partie de l'Afrique. Je veux montrer que certaines personnes trichent et utilisent les traditions à leur avantage.""

Ainsi Delwende (on peut traduire ce titre par: je me confie à Dieu) raconte le calvaire d'une femme accusée de sorcellerie et qui, chassée de son village, trouve refuge dans un centre d'accueil à Ouagadougou. A l'origine, Yameogo a fait un reportage pour la chaîne française de télévision (F 2) sur la douloureuse situation de femmes accusées de sorcellerie, finissant leur vie dans la plus sombre misère. A partir de là, il développe une fiction enracinée dans la vie quotidienne d'un village. La région souffre d'une épidémie mortelle de méningite qui touche principalement les enfants. Le mal doit être identifié. Un sort a été jeté par une sorcière aux pouvoirs occultes. Un rite ancestral permettra au marabout de désigner la coupable qui sera aussitôt chassée. Symbole à la fois de la révolte contre l'injustice et de la modernité en marche, sa fille viendra la chercher pour la ramener au village. Personnage fort de ce film, le fou, isolé et méprisé au pied d'un arbre, joue avec un transistor qui diffuse l'information selon laquelle la méningite sévit dans les campagnes. Mais personne ne l'écoute.

Ce film, qui reçut au Festival de Cannes 2005 le Prix de l'espoir, allie de manière remarquable le réalisme le plus cru à une certaine poésie qui se dégage des décors naturels dont le cinéaste a su tirer profit. Il nous permet de pénétrer dans la culture africaine en même temps qu'il est un cri de révolte à l'adresse de ceux qui maintiennent les coutumes ancestrales les plus injustes et cruelles.

Maurice Terrail

Maurice Terrail

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 15
Maurice Terrail 18
Georges Blanc 12
Daniel Grivel 16
Anne-Béatrice Schwab 12