Chien jaune de Mongolie (Le)

Affiche Chien jaune de Mongolie (Le)
Réalisé par Byambasuren Davaa
Pays de production Mongolie, Allemagne
Année 2005
Durée
Musique Dagvan Ganpurev
Genre Drame
Distributeur ARP Sélection
Acteurs Urjindorj Batchuluun, Daramdadi Batchuluun, Nansa Batchuluun, Nansalmaa Batchuluun, Batchuluun
Age légal 7 ans
Age suggéré 7 ans
N° cinéfeuilles 521
Bande annonce (Allociné)

Critique

"Deux ans après L'HISTOIRE DU CHAMEAU QUI PLEURE, la cinéaste Byambasuren Davaa est retournée dans son pays, à la recherche d'autres rites et d'autres modes de vie des nomades de Mongolie. Elle en revient avec un film de la même veine que le premier, un beau conte poétique proche du documentaire.

Le film raconte l'histoire de Nansa, une fillette de 6 ans, aînée d'une famille de nomades qui vivent d'élevage et se déplacent avec leurs yourtes durant l'été. Un jour, Nansa ramène chez elle un chien abandonné, ce qui n'a pas l'heur de plaire à son père. Il lui fait comprendre qu'elle doit s'en débarrasser, ce qu'elle ne fait pas: elle le cache jusqu'au jour où il faut déménager. Le père abandonne alors l'animal, mais comme il s'agit d'un conte qui finit bien, il y aura un petit miracle...

La démarche de la cinéaste est intéressante. Byambasuren Davaa a d'abord passé de nombreuses semaines (accompagnée de son équipe technique) avec la famille qu'elle avait choisie, avant de commencer à tourner. Le film se présente dès lors comme un document d'une très grande sensibilité, et les personnages sont d'un naturel surprenant - en particulier Nansa - dans leur vie quotidienne. Filmant la famille Batchuluun (père, mère et trois enfants), la cinéaste a su trouver la distance juste et le doigté nécessaire. Tous les détails et les gestes de la vie quotidienne sont présentés discrètement, dans une calme simplicité, la caméra sachant se faire oublier. La mère travaille le lait, le transforme, en fait des fromages. Les enfants ont leurs tâches (surveiller les animaux, aller chercher les bouses sèches pour se chauffer). On assiste à leurs jeux, à leur éducation (ils savent quasiment aller à cheval avant même de savoir marcher!) On suit le démontage, puis le déplacement des yourtes, avec toute la famille et les animaux. Tout est montré avec une extrême sensibilité.

Les contes occupent une place importante dans la culture mongole. La cinéaste, à travers cette histoire (on relèvera dans l'intrigue un ou deux détails peu vraisemblables, mais qu'importe!) réussit aussi à parler de spiritualité, tout particulièrement des croyances bouddhistes grâce auxquelles les nomades vivent en harmonie avec la nature, adhérant à l'idée de la réincarnation. L'une des premières phrases du film - ""tout le monde décède, mais personne ne meurt"" - annonce l'une des idées centrales du film.

Le film propose aussi d'autres pistes de lecture: l'urbanisation de la société est proche, entraînant sans doute pour les années à venir d'importants changements dans la vie des nomades, avec beaucoup d'incertitudes. Que sera la vie demain pour eux? Entre le monde des traditions et le monde moderne (il y a là une très belle scène entre Nansa et une vieille femme qui lui raconte la légende du ""chien jaune""), entre documentaire et fiction, LE CHIEN JAUNE DE MONGOLIE, film attachant et beau, s'adresse avant tout au cœur. A découvrir en famille, comme on dit."

Antoine Rochat