Dear Wendy

Affiche Dear Wendy
Réalisé par Thomas Vinterberg
Pays de production Danemark, France, U.S.A., Italie, Pays-Bas, Espagne, Allemagne, Grande-Bretagne
Année 2004
Durée
Musique Benjamin Wallfisch
Genre Drame, Comédie
Distributeur Les Films du Losange
Acteurs Jamie Bell, Bill Pullman, Michael Angarano, Danso Gordon, Novella Nelson
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 506
Bande annonce (Allociné)

Critique

Ou l'enfer pavé de bonnes intentions. Voilà un sous-titre qui pourrait accompagner cet essai qui, sous un tout autre angle, n'est pas sans rappeler Bowling for  Columbine de Michael Moore.

Bonne surprise que ce film qui interroge d'étonnante façon la violence et le retournement qu'elle est susceptible d'opérer chez celui qui croit la dominer. Il est notamment interprété magnifiquement par Jamie Bell qui porte en son visage une douleur sourde qui s'allie avec la complexité de son personnage.

Suite à l'achat d'un revolver qu'il compte offrir, le jeune Dick se voit séduit par cette arme, aussi décide-t-il de la garder pour lui. Avec quelques jeunes gens (cinq garçons, une fille) qui ont succombé au même attrait et qui tous également possèdent une arme, il fonde un club secret, pacifiste. Chaque membre dudit club "Les Dandys adule son arme, s'en occupe constamment, rassemble toute la documentation possible à son sujet. Et tous ensemble, ils s'entraînent sur cible dans les sous-sols d'une usine, chacun peaufinant son style. Tout en ayant pour devise de ne jamais dégainer leur arme, ils la portent constamment sur eux. Plus encore, celle-ci est, affirment-ils, leur "partenaire moral" dans leur désir de paix! Mais arriveront-ils à tenir leur engagement, surtout lorsque les aura rejoints un ancien délinquant, qui un jour a tué?

A mi-chemin entre réalisme et conte, cette fiction montre avec force l'attrait que peut exercer une arme à feu. Il vaudrait d'ailleurs mieux parler de séduction, tant ces jeunes développent progressivement des relations presque charnelles avec leurs revolvers. Ils leur parlent et vont même jusqu'à les baptiser, pour mieux câliner leur "cute girl" (jolie nana): ainsi Wendy pour le revolver de Dick, même Femme pour celui du petit Freddie ou Lee and Grant pour Susan. Bien sûr le tragique fait irruption lorsque ce cercle de gamins rêveurs, pétris d'idéal, se voit confronté à la réalité, tant il est difficile de résister au désir que génère l'arme et d'en rester le maître.

L'aveuglement de cette petite bande est semblable à celui auquel peut parfois conduire un (premier) amour, où l'on est persuadé que l'on sera capable de changer l'autre, alors que c'est l'inverse qui menace. Le coup de feu s'offre donc ici comme la parabole du coup de foudre, au point que si un membre du groupe se permet de manipuler une arme qui ne lui appartient pas, son geste peut être considéré comme une sorte de viol. Ainsi Dick n'hésitera pas à scier le viseur de son revolver que l'un des membres des Dandys s'est permis de toucher, comme une façon irrémédiable de défigurer son arme pour qu'elle ne génère plus le désir de l'autre.

Si une première partie du film pose les jalons d'une histoire plausible, la seconde partie bascule. Le film quitte alors progressivement la piste réaliste pour renforcer son propos interrogateur. L'unique rue de la ville minière s'apparente alors à celle des westerns où se règlent les comptes. Et dans un final où l'absurde et la mort autorisent Dick à tomber sous la balle de sa chère Wendy, les armes vont jouer véritablement leur rôle de révélateur et poser, de radicale façon, la question de la violence et de sa gestion.

Seulement, pour une fois, il n'est pas tant question de la violence de l'autre que de celle qui habite tout un chacun, et de l'aveuglement auquel mène la confusion entre les moyens et la fin.

A cet égard, cette œuvre originale, fruit d'une collaboration entre Lars von Trier, auteur du scénario, et le réalisateur Thomas Vinterberg, suggère que le moyen annonce bien davantage la fin qu'il ne la justifie jamais. A méditer.

Serge Molla

Appréciations

Nom Notes
Serge Molla 15
Geneviève Praplan 9
Anne-Béatrice Schwab 12