Critique
Révélé par UNE FEMME COREENNE, Im Sang-soo s'attaque au passé récent mais sombre de son pays, en choisissant d'illustrer l'assassinat du président Park Chung-Hee, chef de la junte militaire qui prit le pouvoir en 1961 et dirigea le pays d'une main de fer pendant 18 ans. Dans la nuit du 27 au 28 octobre 1979 il fut abattu par le chef de la KCIA (la CIA coréenne), au cours d'une soirée privée, dans des circonstances qui ne furent jamais complètement élucidées.
Im Sang-soo revisite l'événement à sa façon. Nullement intéressé par le fonctionnement de cette dictature ou par la situation politique ou sociale du moment, il présente un président porté sur les jeunes femmes et sur l'alcool. Quant au récit de l'attentat lui-même, il est fait sur un mode tragi-comique, sur un ton léger et badin, où la dérision côtoie le drame.
THE PRESIDENT'S LAST BANG a provoqué un tollé en Corée - les événements sont sans doute encore trop proches - et la fille de l'ex-dictateur a exigé la suppression d'images documentaires qui se trouvaient au début et à la fin du film, afin d'atténuer sa composante réaliste. Ce qui explique peut-être le sentiment mitigé que l'on éprouve devant ce long métrage qui semble éviter toute approche du terrain historico-politique. Un film par ailleurs parfaitement maîtrisé et, malgré le sang qui coule par moments, très réussi sur le plan visuel.
Antoine Rochat
