Critique
Sur les côtes maritimes sud de l'Iran une communauté d'hommes, de femmes et d'enfants s'est installée et vit sur un vieux cargo abandonné, à quelques encablures du rivage. Leur chef, le capitaine Nemat, est tout puissant. Sans le dire officiellement, il vend son bateau par pièces détachées, morceau par morceau. Toute velléité de résistance ou de fuite sera durement châtiée.
Très belle fable grinçante, JAZIREH AHANI est à décoder bien sûr sur le plan politique. Tout se lit clairement: les exilés parqués sur ce rafiot déglingué sont des laissés-pour-compte qu'un dictateur exploite et finit par vendre comme de la vieille ferraille. A noter par ailleurs que, pour ce deuxième film qui ne cache pas son propos, Mohammad Rasoulof a pu compter sur l'appui de la seule société de distribution de films privée existant en Iran.
JAZIREH AHANI est un véritable cri de révolte. Les images de ce cargo délabré et qui prend l'eau sont à la fois belles et fortes. On ne pourra pas les oublier de si tôt.
Antoine Rochat