Critique
Des champs de blé à perte de vue, quelques vieilles fermes délabrées, une Italie rurale qu'on dirait sortie d'un album de souvenirs et qui rappelle quelques décors des frères Taviani. Là, au milieu, des enfants jouent pour occuper le temps qui s'écoule très lentement.
Mais un jour, Michele découvre par hasard un enfant de son âge - 10 ans - enchaîné et abandonné au fond d'un trou que recouvre une mince tôle ondulée. Le premier jour de peur passé, il revient et lui donne à manger et à boire.
Petit à petit le dramatique succède au bucolique. Michele, horrifié, découvre le monde des méchants et de la cupidité. Filippo a été enlevé à sa famille milanaise contre une rançon qui ne vient pas. La nuit venue, l'oreille collée à la porte de sa chambre, il comprend tout et entend les adultes jouer la vie d'un enfant. Avec courage et détermination, il court sauver son nouveau copain et prendre sa place.
Cette œuvre, pas toujours réaliste, ressemble à une fable et aborde une riche problématique. C'est le passage de l'innocence au sordide, vécu par l'œil d'un gosse. C'est le thème biblique du don de soi et de la rédemption. Le cinéaste prend son temps et joue avec les symboles. Les blés sont mûrs, les champs et les ruines sont peuplés de rapaces, de crapauds et de serpents. Sans excès, juste un peu pour faire comprendre. Beaucoup de retenue, à l'image du jeu remarquable du petit héros.
Ces temps, décidément, le cinéma italien est en train de renaître avec une nouvelle et prometteuse génération de cinéastes.
Maurice Terrail
