Critique
"Ce film est une adaptation pour l'écran de la pièce éponyme de Georges Feydeau, un vaudeville qui parle de désir, de trahison, d'argent, de jeu, de plaisir.
Bois-d'Enghien (Charles Berling), qui a pour maîtresse Lucette (Emmanuelle Béart), une diva, vient lui annoncer qu'il doit rompre car il va signer, l'après-midi même, son contrat de mariage avec Viviane, une jeune fille riche. La mère de Viviane apprécie, elle aussi, ce futur gendre. Et puis Irriga, nouveau riche, cherche à courtiser Lucette... Mais ce n'est pas si simple...
Qu'est-ce qui a bien pu pousser Michel Deville, septuagénaire cinéaste prolifique, à adapter cette pièce de Feydeau? ""Sa drôlerie et sa férocité, mais aussi la construction très complexe de ses intrigues. Filmer ce mélange si propre au vaudeville: cynisme, humour, ambition et pouvoir de l'argent. Et aussi un goût prononcé pour le jeu que je partage. J'ai toujours dit que je 'jouais' à faire du cinéma"", explique-t-il.
Si le propos du film est certes désuet, dans un décor genre maison bourgeoise fin XIXe, le jeu de la caméra est virtuose. Le film parle de séduction, de désir, de frôlement; les personnages, convaincants dans leur jeu, sont toujours pressés, surpris, poursuivis; tout est glissades, tourbillons, cabrioles: la caméra virevolte, joue à filmer, comme si Michel Deville se plaisait à filmer le mouvement! Ce qui est prouesse technique donne le tournis...: en 80 minutes, cela fait 228 arrivées et départs de personnages! Avec une musique de Gounod qui vient doper, orchestrer cette surabondance de relations superficielles. Quel théâtre!
C'est enlevé, enjoué, mais ça ne nous retient pas par la patte..."
Ancien membre
