Femme de Breakwater

"Le film s'ouvre par un avertissement: ""41% de la population philippine vit en dessous du seuil de pauvreté."" On était donc en droit de s'attendre à un film en forme de constat social, ou à un docu-fiction sur Manille (ou les Philippines). Il n'en est rien: si les premières séquences présentent quelques images d'enfants des rues, de bidonvilles ou de pollution, le film prend très vite la direction de ce qu'on pourrait définir comme un mélodrame fortement teinté de pseudo-surréalisme et mâtiné d'onirisme provocateur. On touche au mauvais goût.

Résumer l'intrigue importe peu. En deux mots: Basilio et son frère Bulboy quittent leur île natale de Leyte et se rendent à Manilla Bay Breakwater. Basilio rencontrera Pasquita, une prostituée qui vit sous la dépendance d'une bande de malfrats dont le ""boss"" est un ancien flic. Gravitent autour d'eux d'autres personnages plus ou moins mal famés, créatures étranges, difformes, exubérantes, grotesques ou pitoyables. Le film ne fait guère de concession au vraisemblable, mais ratisse assez large du côté des clichés du film d'action (bandes rivales, bagarres violentes, coups de feu). De petits miracles viennent brouiller les pistes et sauver les héros quand on ne s'y attend plus, la musique opérant de constantes ruptures de ton dans une histoire dont on finit par se désintéresser, tant le rocambolesque l'emporte sur toute forme - même minime - de réalisme, et tant les personnages font preuve d'inconstance dans leurs existences. Aucun d'eux - est-ce voulu par le cinéaste? - n'est véritablement attachant. Sinon peut-être le vieux chanteur-guitariste édenté de la plage qui apporte de temps à autre une touche d'authenticité et de poésie. Mais le reste irrite plus qu'il ne convainc.

FEMME DE BREAKWATER est le dixième film de Mario O'Hara, cinéaste bien connu dans son pays. Il a écrit par le passé plusieurs scénarios pour Lino Broka et a souvent occupé les bonnes places du box-office avec des films d'action."