Critique
"Sur la forme, Francis Lawrence frappe un joli coup: pour un premier long métrage, l'ouvrage est esthétiquement abouti. A part le rythme endiablé qui nuit au propos du film, le réalisateur, issu du vidéo-clip, réussit un mixage particulièrement intéressant d'images réelles et de synthèse pour illustrer le ""débordement"" dans le réel du monde des ténèbres. Car c'est bien de cela que le film parle: les êtres maléfiques commencent à ""traverser"", c'est-à-dire à venir occuper l'espace réservé aux humains.
Mais Constantine veille et fait régner le bon ordre en renvoyant à tour de bras les diablotins dans leurs enfers. Keanu Reeves, sur qui l'essentiel repose, remplit son contrat avec brio, dans une composition jouant sur un contraste subtil: le super-héros, vainqueur de tous les combats avec l'ombre est en même temps un très crédible anti-héros rongé par le cancer du fumeur qui, désabusé, tente de marchander son ticket pour le paradis en crachotant ce qui lui reste de poumons.
Au-delà, rien à voir. CONSTANTINE est une mauvaise adaptation d'une BD américaine, un bric-à-brac sans cohérence. Le film amoncelle les poncifs d'une imagerie dépassée: celle que la chrétienté d'un autre âge se faisait de la damnation, du ciel et des enfers. Beaucoup de prétention donc dans cette tentative de hausser un fantastique boursouflé et racoleur au rang du spirituel.
Sur le fond, en résumé, c'est la débâcle. Vous y trouverez pêle-mêle, entre souffre et nicotine, toute la panoplie du parfait petit exorciste ainsi qu'une multitude d'êtres indescriptibles: anges moitié déchus, femmes envoûtées ou forcées de couver en leur sein des embryons monstrueux, des dragonnets hybrides et même Lucifer en personne. Tout cela sonne creux, tout en ayant malheureusement le pouvoir d'effrayer certains ou de provoquer chez d'autres une méchante nausée. A éviter."
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