Agata et la tempête

Affiche Agata et la tempête
Réalisé par Silvio Soldini
Pays de production Italie, Suisse, Royaume-Uni
Année 2004
Durée
Genre Comédie
Distributeur Columbus
Acteurs Licia Maglietta, Giuseppe Battiston, Emilio Solfrizzi, Claudio Santamaria
Age légal 12 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 498

Critique

Chacun se souvient de Pain et tulipes de Silvio Soldini) et de l'invraisemblable histoire de Rosalba, oubliée un jour sur une aire d'autoroute. Provinciale un peu naïve mais prenant sa vie en main, elle décidait alors de partir pour Venise... Avec Agata et la tempête on retrouve le ton de la comédie et l'excellente actrice qu'est Licia Maglietta (une comédienne qui travaille avant tout pour le théâtre, où elle a signé de nombreuses mises en scène).

La quarantaine passée, belle, Agata est libraire. On apprend qu'elle vit seule, que sa fille est partie étudier en Espagne, que son frère Gustavo ne l'est qu'à demi, qu'un autre homme, Roméo, l'est aussi par moitié, et qu'un troisième, Nico, est passionnément amoureux d'elle.

Ce n'est qu'un début, mais toute tentative de résumer cette ballade existentielle serait vaine. Le cinéaste a construit un film choral, entrelaçant les trajectoires de nombreux protagonistes, les amenant à s'ouvrir peu à peu les uns aux autres, en même temps qu'ils se révèlent à eux-mêmes. Et tous ces personnages, attachants, semblent appartenir à un monde un peu à part. Le fil rouge de l'histoire, ténu, est celui de leur quotidien, de leurs souvenirs, de leurs songes, et l'on flirte constamment avec les frontières du surnaturel.

Tout comme l'héroïne, le spectateur essaie de s'accrocher à l'intrigue, croit comprendre, ballotté qu'il est entre le tragique et le comique des événements. Il s'attache aux pas de chacun, à ceux d'Agata surtout qui fonctionne comme l'élément central et modérateur de cette petite société plus ou moins familiale. Et c'est par son regard qu'on apprendra à connaître chacun.

Agata, on le sent, a lutté dans sa vie pour être libre. Elle est maintenant indépendante, elle aime son métier, mais elle sait aussi se laisser guider par ses désirs, ses envies du moment. Elle plane un peu, très surprise de constater qu'il lui suffit de passer sous une ampoule électrique pour la faire sauter. Le réel se fait surnaturel, l'imprévu devient normalité, le sourire se crispe parfois en rictus. Le cinéaste, on l'a compris, cherche à aller plus loin que la comédie, refusant de nous refaire le coup du pain et des tulipes...

Y parvient-il? Pas pleinement. Comédie fantaisiste, le film papillonne trop - c'est là sans doute ses limites - et donne l'impression de se frayer un chemin, presque fortuitement, selon le flux et le reflux des existences. On se perd parfois en route, le temps se fait long. Mais en même temps que le film reprend vie, chaque séquence apparaît alors très construite, et de ce pointillisme descriptif se dégage en tout cas - à défaut de convaincre totalement - un ton personnel, une sensibilité cinématographique évidente, à la croisée du drame et du divertissement. L'ironie affleure, les moments d'émotion sont là, vite ponctués d'un sourire.

Agata et la tempête - le titre est trompeur, tout au plus y a-t-il un ou deux orages - se situe loin du naturalisme, comme si le réalisateur, après avoir planté ses décors à Gênes et dans la vallée du Pô, avait donné carte blanche à ses personnages, avec la permission de s'en aller parfois titiller l'extraordinaire...

Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 14
Georges Blanc 9
Daniel Grivel 14
Serge Molla 14