Critique
"Ce film a été présenté dans le cadre de la quinzaine des réalisateurs à Cannes 1998. Il raconte l'histoire de ce que certains appelleront une ""pauvre petite fille riche"". Angela (Valeria Bruni Tedeschi), la trentaine oisive, qui peut s'offrir le luxe de phobies plutôt infantiles; dans la rue, elle évite de marcher sur les lignes jaunes des passages protégés ou sur les joints des bordures de trottoirs: elle attribue des valeurs symboliques aux chiffres et panique lorsque le numéro (qu'elle ne connaissait pas) de son appartement est repeint, car c'est pour elle un nombre maléfique.
Ballottée entre une mère trop protectrice, des amies déstabilisées, un psy freudien et la recherche désespérée de l'homme de sa vie, elle séjourne dans une maison de repos (euphémisme pour une clinique psychiatrique de luxe) avant de retourner à ses errances glauques - encore que, semble-t-il, elle ose désormais marcher sur les lignes...
Le spectateur peut être partagé entre l'envie de donner à Angela un électro-choc du pauvre (entendez par là un bon coup de pied quelque part) et un sentiment de compassion. Pour avoir accompagné quelques personnes engluées dans ce genre de névrose, le soussigné, tout en comprenant l'exaspération que peut susciter un tel récit, penche pour la sympathie: l'observation de Calopresti est fine. Intéressera-t-elle le grand public? On peut en douter."
Daniel Grivel