Critique
"- Vous êtes marié?
- Moi, je m' sens libre. Plus je vous regarde, plus je m' sens libre.
Deux vieux amis, dans la cinquantaine, mariés depuis plus de quinze ans, rencontrent à nouveau l'amour. Pour Alain (Pierre Arditi), c'est Farida, jeune Sénégalaise qui travaille à ses côtés dans une galerie d'arts africains. Pour Daniel, l'architecte (Daniel Auteuil), c'est Judith (Charlotte Gainsbourg) qui lui offre réconfort dans un moment très difficile pour lui et les siens. Tout ou presque est dit dans le titre de ce film d'inspiration autobiographique qui, hélas, vu les formidables acteurs en jeu, ne dépasse guère les clichésrelatifs à l'usure du couple et à la redoutable fascination qu'exerce la femme jeune pour l'homme au cœur de la ""mid-life crisis"".
Alors on glisse dans la caricature, avec d'un côté les femmes fortes qui savent trancher et de l'autre des hommes qui font souffrir par leur incapacité à choisir. Heureusement qu'il y a les silences et surtout les regards (parfois même en trop gros plans), notamment ceux d'Arditi, tout perdu. Du coup, par sa fragilité même, ce dernier en devient touchant, incapable qu'il est d'assumer tant ses vérités que ses mensonges: son désarroi trouble bien davantage que les retrouvailles d'avec son épouse, qui ne convainquent guère.
La vérité entre conjoints, c'est bien, elle devient toutefois insignifiante si elle se confond avec la transparence des personnages; dès lors, il ne suffit pas d'ajouter les réactions distinctes d'un adolescent et de son frère aîné pour faire de ce film une comédie humaine à la Claude Sautet des grandes années."
Serge Molla
