The Man who copied

Affiche The Man who copied
Réalisé par Jorge Furtado
Pays de production
Genre
Acteurs Jennifer Peedom
N° cinéfeuilles 495

Critique

"Passé le cap d'un préambule un peu long, le deuxième long métrage du Brésilien se révèle un savoureux patchwork, au service d'une histoire bourrée de fantaisie.

""Quand vous copiez une personne, c'est du plagiat, quand vous en copiez trois cents, c'est de la recherche."" Jorge Furtado cite ici un poète de son pays et on l'imagine riant en prononçant sa phrase. Car l'humour ne manque pas à ce Brésilien qui s'occupe de cinéma depuis 1986, mais signe, avec THE MAN WHO COPIED, son deuxième long métrage seulement. L'histoire de ce film est à la fois simple et complexe. Simple: il s'agit d'une relation amoureuse contrariée par le manque d'argent. Complexe parce qu'à partir de ce fil rouge se tissent d'autres histoires, toutes mêlées, qui ouvrent un horizon sympathique sur les quartiers pauvres d'une cité brésilienne.

André (Lázaro Ramos) est l'amoureux silencieux de Silvia (Leandra Leal) qu'il observe depuis ses fenêtres dans l'immeuble d'en face. Il a arrêté ses études, se passionne pour le dessin et gagne maigrement sa vie comme ""opérateur de photocopieuses"". Silvia lit beaucoup et travaille dans une boutique de confection. André a deux amis, Marinês (Luana Piovani), qui sort avec Cardoso (Pedro Cardoso) qu'elle n'épousera pas parce qu'il n'est pas riche. Tout le monde est pauvre d'ailleurs, dans le quartier, et André calcule combien de temps il lui faudra travailler pour pouvoir acheter quelque chose dans le magasin de Silvia. Et ainsi, réussir à lui parler. Un jour, il se jette à l'eau. Tout commence par la photocopie de billets de banques, l'homme qui copiait, c'est lui.

Comédie, film policier, conte, drame, farce, romance, ce film est un peu de tout cela. Le réalisateur lui donne mille facettes sans quitter un sujet qu'il tient bien en main: devenir riche le plus rapidement possible. Comment, d'une idée aussi banale et qui n'est pas sans vulgarité, construire une œuvre intéressante?

D'abord par la qualité des personnages, tous sincères, tous honnêtes, tous dépourvus d'avenir. Les quatre protagonistes sont très différents les uns des autres, mais liés par leur destin sans perspective. Les acteurs comprennent bien leur rôle et le jouent comme leur propre histoire.

Ensuite, donner du corps à ce qu'ils vivent. Quotidien à la petite semaine, journées qui se succèdent au ras du trottoir, auxquelles seul le rêve de richesse fait prendre un peu d'altitude.

Enfin, en leur donnant le goût du risque. En les faisant se dépasser eux-mêmes, provoquer ce destin monocorde. Bref, en leur écrivant une vie qu'ils n'avaient pas prévue mais qui leur va parfaitement, à grands coups d'humour, de sensibilité et de fantaisie.

Reste à raconter ces aventures inattendues, et sur ce point Jorge Furtado n'est pas en reste. On l'a dit, il multiplie les genres et travaille sa mise en scène en collages. La narration est menée par la pensée d'André, il dessine et ses dessins s'animent de temps en temps, s'encartent dans le tournage et reprennent à leur manière le fil de l'histoire.

Enfin, le film est bourré de références de toutes sortes, un peu à l'image du savoir d'André qui connaît un peu tout sur rien et pas grand-chose sur tout. Shakespeare, Perec, Warhol et bien d'autres sont sollicités, c'est ce qui fait sourire le réalisateur quand il parle de copier trois cents personnes.

Grâce à ce travail de ""recherche"", le film prend une allure baroque, un ton piquant, généreux et drôle. On oublie que son préambule est long, qu'on ne voit pas assez vite où il veut en venir. Ce qui demeure, c'est la démonstration qu'une banlieue sans futur sait aimer et se défendre. Elle crée, invente, se bat, joue parfois dangereusement sur les moyens pour avoir la fin. La morale n'est pas totalement sauve, mais on s'en réjouit. Puisqu'en fin de compte, ce sont les valeurs humaines qui triomphent."

Geneviève Praplan