Irrésistible Alfie

Alfie a existé dans les années soixante, incarné par Michael Caine. La facilité hollywoodienne qui consiste à réaliser de nouveaux films sur de vieilles idées, fait passer le personnage sur les épaules de Jude Law, que l'on a vu déserteur de la guerre de Sécession dans Could Mountain. Alfie est un séducteur égocentrique et arrogant. Il prend, consomme et jette. Chauffeur pour une compagnie de limousines, il gagne assez bien sa vie pour s'offrir l'élégance nécessaire. Mais il n'est pas sot. Les circonstances de la vie le surprennent et le font réfléchir. Sa façon de vivre est-elle vraiment la meilleure? Le personnage de Susan Sarandon (étonnante) vient à point lui poser délicatement la question. Tandis que s'ouvre sur la vieillesse une parenthèse avisée.

C'est une comédie légère, très légère et cousue de fil blanc. Elle fatigue avec son cliché des femmes à séduire, qui pour être parfaitement belles sont toujours des Barbies enplastique. Elle irrite avec son parti pris de prendre sans cesse le public à témoin. Alfie s'adresse tout le temps à la caméra, donc au spectateur qui se retrouve l'otage d'aventures qu'il réprouve. A cause d'une morale élémentaire, à cause de la facilité du sujet et de son manque d'originalité. Mais elle plaît aussi parce qu'elle parvient à dessiner des nuances au personnages, qu'elle ne le fait pas en grande moraliste, mais par petites touches qui lancent une réflexion. Elle plaît encore par sa mise en scène vive et travaillée, qui la fait échapper à la parade linéaire de ce genre de production.