Whisky

Affiche Whisky
Réalisé par Juan Pablo Rebella, Pablo Stoll
Pays de production Uruguay
Année 2003
Durée
Genre Drame
Distributeur MK2 Diffusion
Acteurs Daniel Hendler, Andrés Pazos, Mirella Pascual, Jorge Bolani, Ana Katz
Age légal 7 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 482
Bande annonce (Allociné)

Critique

"A Montévidéo, en Uruguay, Jacobo, la soixantaine, vit seul depuis le décès de sa mère dont il s'est occupé jusqu'à sa mort. Une lugubre petite usine de chaussettes, c'est là tout son univers. Il y passe la majeure partie de ses journées, grommelant des ordres à ses deux ouvrières et à sa fidèle et humble servante, Marta, un peu plus jeune que lui. Leurs rapports ne vont jamais au-delà d'une relation de travail, calme et efficace. Mais Jacobo voit sa routine menacée par la visite inattendue de son frère Hermann, qui vit au Brésil et avec qui il n'est plus en contact depuis des années. Pris de court, Jacobo demande à Marta de se faire passer pour sa femme pendant le séjour de son frère. Les trois presque étrangers vont alors s'efforcer de jouer le jeu d'une presque famille.

Un scénario initial très simple, presque absurde, une fable en quelque sorte. A partir de là, ce sont les petites habitudes, les conventions, les phrases toutes faites, ce qu'elles disent et ce qu'elles cachent, qui vont si l'on peut dire étayer ce film et lui donner son mystère et son charme. Ponctuée par le grincement d'une porte métallique, par le vacarme assourdissant des machines textiles lorsqu'elles se mettent en marche, par les hoquets d'un démarreur de voiture, la vie de ces trois personnages se déroule sous nos yeux. Etrangement, on ne voit pas le temps passer. C'est ce qui fait la réussite de cette œuvre dérangeante et fascinante.



Georges Blanc





Un démarreur qui peine à faire démarrer le moteur d'une vieille voiture... Le film commence ainsi et cette séquence passionnante se répète tout au long de cette histoire sans histoire. Mais qu'on se rassure, cela finit toujours par marcher.

Cela se passe à Montevideo, dans un décor d'une tristesse qui n'a d'équivalent que le visage des protagonistes et qui ne doit rien à l'Office du tourisme. Jacobo, la soixantaine, célibataire, possède une petite fabrique de chaussettes qui tombe en décrépitude. Il vient de perdre sa mère qui vivait avec lui. Marta est son assistante, bonne à tout faire depuis plus de vingt ans. Leur relation quasi mécanique est d'une froideur qu'aucun sourire ne vient atténuer, et cela même lorsque Jacobo, à l'arrivée de son frère vivant au Brésil, lui demande de jouer le rôle d'une épouse. Après cette petite pause, tout rentre dans l'ordre et le démarreur persiste à tousser. Sauf peut-être que Marta s'accorde enfin une petite liberté.

Pourquoi ce titre de ""Whisky""? C'est ainsi que le photographe invite à sourire ceux qu'il fixe sur pellicule. Et c'est ainsi que nos personnages acceptent durant une seconde de quitter leur triste figure.

Etrange film qu'il faut déconseiller à ceux qui souffrent de neurasthénie. Présenté au dernier Festival de Cannes, il a recueilli beaucoup d'éloges. C'est vrai qu'il donne à réfléchir, telle une fable sur les habitudes qui marquent les heures et les jours de nos existences. Elles tuent toute vie. WHISKY constitue également un portrait de solitaires, aussi usés que les machines bruyantes de l'atelier. Ce sont cette mélancolie et ces silences qui donnent le ton d'une œuvre qui mérite un intérêt pour qui considère l'humanité sous l'angle d'un anthropologue. Mais pour se divertir, il vaut mieux se servir d'un vrai whisky. Les glaçons, eux seuls, sont fournis par le film.



Maurice Terrail"

Ancien membre