Critique
Mobylettes vrombissantes, la bande à Freddy déboule dans les rues tristounettes de Bailleul, petite ville assoupie au voisinage de la frontière belge. Freddy est le fils d'Yvette, tenancière du bistrot, chaleureuse, tolérante, comme on sait l'être dans le Nord, dur et glacial. Il n'a pas beaucoup fréquenté l'école, aussi comme pour l'ensemble de ses copains, le présent et l'avenir n'ont d'autre horizon que le chômage.
Pour son premier long métrage, le cinéaste belge, Bruno Dumont, a posé sa caméra chez lui, dans le Nord, et filmé les journées de Freddy. L'ennui y impose son rythme, lent, lourd, Freddy est jeune, chômeur, et traîne toute la journée avec sa bande de copains désœuvrés. Seule tache de lumière dans la morosité de sa vie, sa copine Marie le conduira au drame, que l'on sait inévitable. Car Bruno Dumont conduit sa chronique sans concessions, dans un style plus que réaliste, proche du naturalisme de Zola. La grande réussite du film tient à son atmosphère étouffante et sombrement quotidienne. Mais la démarche de Bruno Dumont trouve rapidement ses limites: l'ensemble manque parfois de cohérence, en particulier dans la psychologie des personnages, un peu trop grossière. De la même façon, quelques facilités et une fin bâclée ternissent la bonne impression qui se dégage de l'ensemble de cet audacieux premier film.
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