Homme du train (L')

Affiche Homme du train (L')
Réalisé par Patrice Leconte
Pays de production France, Grande-Bretagne, Allemagne, Japon
Année 2002
Durée
Musique Pascal Estève
Genre Drame, Thriller
Distributeur Pathé Distribution
Acteurs Jean Rochefort, Johnny Hallyday, Charlie Nelson, Jean-François Stévenin, Pascal Parmentier
N° cinéfeuilles 444
Bande annonce (Allociné)

Critique

"Venu de la bande dessinée, Patrice Leconte qui, depuis 1975, a réalisé presque un film par année, est capable du pire et du meilleur. Pour rester dans cette dernière catégorie, citons LES BRONZES, TANDEM, MONSIEUR HIRE, LE MARI DE LA COIFFEUSE, RIDICULE, LA FILLE SUR LE PONT, LA VEUVE DE SAINT-PIERRE. L'HOMME DU TRAIN rejoint cette filmographie de qualité.

Portée par un Jean Rochefort époustouflant, cette réalisation de facture très classique a été écrite sur mesure par Claude Klotz, déjà scénariste de deux autres films de Leconte et auteur prolifique sous le nom de Patrick Cauvin.

A la tombée du jour, une micheline dépose à la gare d'une ville de province (tournage à Annonay) un passager insolite, qui a tout du poor lonesome cowboy: Milan (Johnny Hallyday, au jeu très sobre pour ne pas dire minimaliste), truand fourbu venu rejoindre des complices en vue de braquer dans trois jours la banque locale, ce qui devrait être du gâteau. Entré dans une pharmacie pour y acheter de l'aspirine, il fait la connaissance de Manesquier (Jean Rochefort), prof de français à la retraite. Tout sépare les deux hommes: Milan est un solitaire sans feu ni lieu, Manesquier vivote dans une vieille villa bourgeoise encore tout empreinte par la présence de sa défunte mère; les couleurs dominantes signalent ces différences, Milan étant métallique et bleuté, Manesquier dans les tons tabac et velours. Le truand est plutôt frugal, le prof aime les mets de brasserie.

Pourtant, à petits pas, tous deux vont à la rencontre l'un de l'autre. C'est que, inconsciemment, chacun aurait voulu vivre la vie de l'autre. On voit ainsi Milan enfiler des charentaises, tandis que Manesquier s'essaie au tir au pistolet. Leconte évoque une métaphore musicale assez parlante: ""Johnny Hallyday, c'est Ry Cooder; Jean Rochefort, c'est Schubert. Quand ils sont séparés, ils ont chacun leur musique qui les accompagne, et quand ils sont ensemble, il faut que Ry Cooder joue avec Schubert"".

Film d'acteurs par excellence, L'HOMME DU TRAIN est très bien construit, parfaitement linéaire et magnifiquement joué. Les dialogues sont un régal, quand bien même personne, dans la vie, ne s'exprime comme le font les protagonistes. On repère ici et là un petit clin d'oeil: un personnage secondaire appelé Cauvin, une scène chez le figaro rappelant LE MARI DE LA COIFFEUSE. Dommage que Leconte ait cédé à l'envie d'un happy end improbable."

Daniel Grivel