Ma famille Africaine

Affiche Ma famille Africaine
Réalisé par Thomas Thümena
Pays de production
Genre
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 10 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 488

Critique

"Mention spéciale lors du dernier Festival de Fribourg, MA FAMILLE AFRICAINE arrive aujourd'hui sur nos écrans. Le cinéma suisse continue de produire, régulièrement, d'excellents documentaires, en voici un de plus.

Dans ce film le cinéaste zurichois parle de lui-même: il a épousé il y a quelques années Léa Zézé, une Ivoirienne venue à Zurich chercher, comme elle dit, le paradis et l'argent de son président... Entre Thomas et elle, ce sera le coup de foudre. Mais dès la naissance de Yann les problèmes vont surgir, les malentendus se multiplier.

Thomas Thümena décide alors de tourner MA FAMILLE AFRICAINE, sorte de document intime, autobiographique et conjugal, en revisitant caméra au poing les événements difficiles vécus tant par lui que par sa femme Léa. Il en résulte une sorte de home movie étonnant de sincérité, qui ne dissimule aucun des problèmes rencontrés par les deux époux. Au milieu de ce territoire helvético-africain rendu souvent insupportable, se dégagent pourtant, malgré les différences fondamentales, malgré les conflits, quelques bouffées d'espoir.

Education et vie familiale, valeurs culturelles et notion de l'argent, définition de l'amour, tout est problème pour le couple. Avec un regard curieux, presque naïf, Thomas se pose à lui-même les questions essentielles et embarrassantes, puis les retourne à Léa et à sa ""famille africaine"", à Abidjan. Les notions de solidarité helvétique sont remises en question par celles en vigueur sur le continent africain. Et les choses se compliquent encore avec les événements politiques de la Côte-d'Ivoire, les coups d'état et la violence quotidienne dont sont victimes les parents de Léa. La famille africaine est ébranlée, et le couple ""mixte"" semble, par moments, partir à la dérive. Le découragement guette, on est au bord de la rupture, mais la vie repart, et après de nouvelles négociations, de nouveaux arrangements, on voit se dessiner l'esquisse d'un avenir possible.

Le seul moyen de s'en sortir sera de composer avec les différences, semble dire le cinéaste. La lutte sera quotidienne, éprouvante, mais enrichissante. Elle impliquera que l'on remette constamment en question sa propre identité (sans la perdre) ainsi que bon nombre des valeurs auxquelles on croit.

Les dernières séquences débouchent sur une promesse de réconciliation, sur un petit quelque chose qui permet de raviver la relation amoureuse. Film rythmé par un accompagnement musical - folklore suisse et tambours africains - fait de contrastes, MA FAMILLE AFRICAINE est un récit attachant, plein de tact, bien maîtrisé, où le comique côtoie souvent le tragique. Un étonnant et parfois douloureux voyage au pays de la différence."

Antoine Rochat