Critique
"Entrée fracassante dans la planète hip hop sur fonds de musique boum-boum (comme l'appelait le chef d'orchestre Sir George Solti) qui résonne au fond de l'estomac. C'est là l'occasion de s'interroger sur le volume sonore consenti par les salles de cinéma. Doivent-elles vraiment assourdir leur public, fût-il adolescent, pour le fidéliser? En attendant une réponse plus confortable pour le sens de l'ouïe déjà malmené en plusieurs endroits de la vie contemporaine, voyons ce que réserve STREET DANCERS.
Elgin (Marques Houston) et David (Omari Grandberry) sont des copains d'enfance. Foin d'école! Ils consacrent chaque instant de leur adolescence à la danse de rue dont ils sont parmi les vedettes. Ils auront à le prouver lors d'une grande finale télévisée. STREET DANCERS est très similaire à un film sorti au début de l'été, LES FILS DU VENT, consacré au ""parkour"", ou art du déplacement. Tous les deux sont dépourvus de scénario, tous les deux prennent prétexte de tout et rien pour offrir à leur public, les adolescents, de longs plans sur les danses et les sauts dont la jeunesse hip hop fait sa raison de vivre. Tous deux aussi ébauchent la philosophie qui anime ces troupes de jeunes disciples, le sens de l'amitié, la fidélité à la parole donnée, le rejet de la drogue.
Enfin, c'est probablement sans le vouloir que ces récits joyeux, mais puérils, laissent entrevoir le manque de personnalité de cette jeunesse, soumise corps et âmes à la mode du clan. STREET DANCERS lui est destiné, mais ne fait pas le moindre effort pour l'aider à nourrir une réflexion. Il ne compte que sur le nombre d'entrées que son opportunisme lui rapportera."
Geneviève Praplan
