Kaïro

C'est une disquette meurtrière qui est la clé de l'énigme de KAÏRO (terme japonais qui signifie le circuit), le nouveau film écrit et réalisé par Kiyoshi Kurosawa. Une histoire de fantômes nippons aux relents millénaristes qui mêle intrigue policière et thriller fantastique. Cette disquette recèle en effet un virus qui contamine ses utilisateurs, les fait tomber en catatonie et disparaître. A Tokyo, l'inquiétude grandit à mesure que l'épidémie se propage à travers les réseaux informatiques. En filigrane de cette descente aux enfers accomplie par une bande de jeunes dans un site Internet fantôme, Kiyoshi Kurosawa dresse un portrait saisissant du Japon contemporain que l'on sent déchiré entre une tradition séculaire, le spectre toujours présent d'Hiroshima et une modernité qui entraîne aujourd'hui une récession économique et une forme de doute d'ordre moral. Il n'empêche: si le cinéaste réussit à nous offrir une des plus belles collections de fantômes avec lesquels on puisse cauchemarder, utilisant à gogo ordinateurs, Internet, téléphones et télévisions, s'il at­teint parfois à la poésie pure (on pense aux très belles images brunâtres d'un Tokyo vide et dévasté), le film ne dépasse pas une (vague) réflexion sur la solitude éternelle des morts et des vivants. Tout cela sur fond de fantastique.