Soif

Cinéaste palestinien, Tawfik Abu Wael n'a que 28 ans et nous propose, dans ce premier film, une vision très particulière de son pays. L'histoire se passe tout près de sa ville natale, Um El-Fahem, située à la frontière entre Israël et la Cisjordanie, dans un espace de vieux murs de béton (c'est là que l'armée israélienne s'entraînait, il y a quelques années, au combat de zone urbaine, avant d'abandonner ces lieux d'exercices). Des décors bétonnés qui dégagent une forte impression de non lieu. Shukri et sa famille y vivent reclus depuis dix ans, conformément à la volonté du père, vivotant de la fabrication du charbon de bois. Le besoin d'eau et l'installation d'une canalisation vont soudain raviver de grandes tensions familiales.

Dans sa réflexion sur la lourdeur des traditions et les difficultés matérielles de l'existence, le cinéaste porte un regard sombre sur la société palestinienne. SOIF est un film lent, envoûtant par moments, mais son dénouement est d'un pessimisme total. Un film étouffant qui rappelle parfois le contexte d'une véritable tragédie antique.