Critique
Un jeune roumain, Ovidiu, cherche à agrandir sa petite boutique, à Constanta. Un mafioso local lui en offre les moyens financiers: il suffit de convoyer rapidement un sac à Bucarest. L'affaire paraît simple (Ovidiu est tout de même un peu naïf: il n'a pas la curiosité de savoir ce qu'il doit transporter!), mais d'autres personnes, en chemin, vont aussi s'intéresser au contenu du paquet. Et Ovidiu ne reviendra pas de la capitale sans avoir, d'une certaine manière, très fortement hypothéqué son âme... A lire ce bref résumé on pourrait penser que la première réalisation du cinéaste roumain Cristi Puiu est un film de drogue et de gangsters. Oui et non: le voyage d'Ovidiu et des deux amis qu'il embarque dans cette aventure est l'occasion pour le réalisateur de brosser un portrait en creux de la Roumanie, entre trafics, débrouillardises et pratiques mafieuses. LE MATOS ET LA THUNE est une sorte de fiction-documentaire en même temps qu'une fable désespérée. Racontée avec les yeux d'un peintre et le talent d'un vrai cinéaste.
Antoine Rochat