Mise à nu

"On aura beau arguer du fait que le suicide reste peut-être, en Corée du Sud et ailleurs, un sujet tabou, ou que les images de MISE A NU sont celles du cinéma moderne, ou encore que le cinéaste Soo-il Jeon n'est pas le premier venu, il n'en reste pas moins que MY RIGHT TO RAVAGE MYSELF (titre plus évocateur que le pudique MISE A NU) est une grande déception.

Le cinéaste coréen Soo-il Jeon a choisi de centrer son long métrage sur un personnage très particulier, appelé S., à la fois écrivain et ""créateur de suicides"". Le métier de S., c'est d'aider à mourir des personnes qui font appel à lui, en mettant en scène leur disparition, à la condition (merci encore!) qu'ils soient prêts. Il en ira ainsi de la vidéaste Mara qui met fin à ses jours lors d'une ""performance"" publique, ou de Seiyeon, barmaid désespérée, ou de Kurt, un rocker en mal de sensations fortes.

Le film, par son sujet (désespérant) et son traitement (esthétiquement prétentieux), ne développe qu'une série de séquences dépourvues d'intérêt. De beaux tableaux colorés, une musique branchée, un peu d'étrangeté ne suffisent pas. Rien n'est dit du pourquoi d'une telle désespérance, des raisons de la crise existentielle de ces jeunes adultes - sont-ils représentatifs de toute une génération? - aux prises avec une société où la grande consommation visuelle a remplacé semble-t-il la vraie communication entre les êtres. MISE A NU, dans sa description de la solitude et de la vacuité de l'existence, ne réussit qu'à créer un intense sentiment de frustration."