Mémoire d'un saccage

Affiche Mémoire d'un saccage
Réalisé par Fernando E. Solanas
Pays de production France, Suisse, Argentine
Année 2003
Durée
Genre Documentaire
Distributeur Ad Vitam
Acteurs Fernando E. Solanas
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 478
Bande annonce (Allociné)

Critique

"Dans ce documentaire politique, Solanas offre en filigrane une réflexion à tout le moins stimulante sur la vision néo-libérale et sur la mondialisation. Le cas argentin nous concerne tous.

Plus de 30 ans après L'HEURE DES BRASIERS, Fernando E. Solanas signe un réquisitoire sans appel contre la succession des dirigeants argentins qui, depuis la fin de la dictature militaire il y a 25 ans, ont réussi à mettre à sac un pays prospère et provoquer l'un des effondrements économiques et sociaux les plus brutaux qu'un pays ait pu connaître en temps de paix. Ce pays riche et sa population ont vécu dans leur chair et de plein fouet l'ensemble des traumatismes dénoncés par les altermondialistes: ultralibéralisme éhonté, spoliation des biens de l'état, explosion de la dette extérieure, corruption politico-financière massive. Tout cela avec l'aide et la complicité de multinationales occidentales et sous le regard bienveillant des institutions internationales.

Incarnée par des hommes comme Carlos Menem, cette politique de la terre brûlée a abouti à un véritable génocide social, un cataclysme inouï fait de famine, de maladies et de vies humaines sacrifiées. MEMORIA DEL SAQUEO dénoue un à un les mécanismes qui ont conduit à cette catastrophe.

Son discours, solidement charpenté en chapitres clairs, alterne trois types d'images: des archives télévisées; de longues déambulations feutrées dans les palais du président ou de la justice, qui accompagnent plusieurs sortes de commentaires sur le sujet; enfin, quelques séquences poignantes tournées auprès des gens aux quatre coins du pays.

Ce que nombre de fictions argentines allusives nous suggèrent depuis quelques temps (HISTORIAS MINIMAS de Carlos Sorin ou L'OURS ROUGE de Israel Adrian Caetano) prend avec le réquisitoire de Solanas une tournure terriblement plus crue. C'est que les chemins de la misère sont encore plus inacceptables lorsqu'ils sont prévisibles et tracés en terre fertile.

Fernando Solanas décrit ainsi ses motivations: ""Les conséquences du plan néo-libéral s'avèrent aujourd'hui tellement désastreuses, que s'est imposée à moi, une nouvelle fois, la nécessité de faire acte de mémoire et de témoignage: c'est de cette manière que je souhaite contribuer au débat urgent que l'Argentine, l'Amérique latine et le monde sont en train de mener avec pour principal moteur la certitude que face à la mondialisation déshumanisée, un autre monde est possible.""

La Télévision suisse romande (seule TV coproductrice) et Thelma Films (Pierre-Alain Meier), offrent par leur participation une présence helvétique surprenante et bienvenue dans ce documentaire remarquable. A voir, malgré les nombreux sous-titres!"

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