Cerf-volant (Le)

Affiche Cerf-volant (Le)
Réalisé par Randa Chahal Sabbag
Pays de production France
Année 2003
Durée
Musique Ziad Rahbani
Genre Drame
Acteurs Flavia Bechara, Maher Bsaibes, Ziad Rahbani, Randa Asmar, Liliane Nemry
N° cinéfeuilles 476
Bande annonce (Allociné)

Critique

"Le village a été coupé en deux par les barbelés de la frontière libano-israélienne. Les habitants des deux quartiers viennent régulièrement près des postes de contrôle, ils se racontent leur quotidien à l'aide de mégaphones. Les enfants jouent près du no man's land avec leurs cerfs-volants. Lamia (Flavia Béchara) va rechercher celui de son petit frère qui s'est égaré sur un champ de mines. Ce n'est pas la première fois qu'elle passe la barrière de barbelés. Ziad (Ziad Rahbani), un soldat israélien l'a repérée, ils sont tombés amoureux l'un de l'autre. Mais à 16 ans, Lamia est déjà promise à son cousin qui vit de l'autre côté et qu'elle ne connaît pas.

LE CERF-VOLANT a remporté le Lion d'argent et le grand Prix du Jury au dernier Festival de Venise. C'est un film sur les femmes, peut-être pour rappeler le destin de celles qui vivent sous la règle musulmane. Surtout pour remettre en question quelques idées reçues. ""Comment cette idée de femmes tristes, soumises a-t-elle germé?"" s'interroge la réalisatrice qui précise: ""Je ne suis pas à l'aise avec les étiquettes, et surtout pas avec celles qui supposent femme, arabe, musulmane. J'ai voulu amener ces femmes vers vous dans ce qu'elles ont de plus précieux, leur vérité"". La jeune fille qu'elle montre est en effet libre dans sa tête. Mariée par la décision des hommes du village, elle transforme de son plein gré ce qu'on a pu prendre pour son destin. Le prix de cette indépendance est cruel, mais Lamia le sait. Elle fait son choix en connaissance de cause.

C'est surtout un film sur les frontières. ""Cette histoire est possible là où les frontières transforment l'autre en étranger, en ennemi"", note encore la réalisatrice. ""J'ai voulu parler de la violence des destins, de la perte des identités, de l'absurdité des barrières et de l'annexion arbitraire des villages."" Elle le fait à travers l'histoire d'amour de Lamia, une histoire tout intérieure, que la jeune comédienne joue avec talent. La tragédie de la situation est implicite. Et la grande qualité de ce film est d'avoir su amener cette tension par les seuls gestes du quotidien ordinaire."

Geneviève Praplan