Critique
On n'ignore rien des étoiles, on a marché sur la Lune, mais que sait-on des profondeurs des océans? C'est à cette question que ce superbe documentaire essaie d'apporter une réponse, ou plutôt une myriade de tentatives de réponses. Disons d'emblée que nous sommes conviés à un défilé d'images somptueuses, d'une qualité émotionnelle et d'une poésie à vous couper le souffle.
Plus de cinq ans de tournage, une équipe de quarante cameramen, des vues sous-marines d'une saisissante netteté prises à près de 5'000 mètres de profondeur, pour un voyage d'une infinie richesse dans le monde océanique. Des espèces inconnues vivant dans des fonds jamais atteints par l'homme aux jeux cruels des orques, en passant par la naissance des crabes, la lutte des bancs de sardines contre les prédateurs de la mer et des airs, les réunions incongrues des manchots ou les balades majestueuses des baleines bleues, sans oublier le poisson-lanterne qui leurre ses proies, les appétits de l'ours blanc et les frémissements d'une mer superbement filmée, tout concourt à ce que cette œuvre soit autant une somme de découvertes stupéfiantes et de spectacles grandioses qu'un hymne à la beauté de la création et de la vie. La mort est aussi cruellement présente dans ce chant d'amour, la mort des uns sans quoi la vie des autres ne pourrait subsister. Tout au plus pourrait-on quelque peu regretter l'aspect répétitif de certaines scènes ainsi qu'un parti pris presque insolemment esthétisant. Même la beauté a ses limites et le film aurait gagné en émotion à être un peu écourté. Il n'empêche que, dans la ligne de MICROCOSMOS et du PEUPLE MIGRATEUR, cette PLANETE BLEUE est un documentaire exceptionnel que petits et grands se doivent de découvrir, pour leur plus grand émerveillement.
Georges Blanc
