Critique
TIRESIA renvoie à la mythologie grecque et au célèbre devin Tirésias rendu aveugle par Athéna, mais pourvu en même temps par cette déesse d'un don particulier de prophétie. Le cinéaste français Bertrand Bonello s'appuie sur une version un peu différente qui parle de la transformation temporaire de Tirésias en femme. Pour Bonello, Tiresia sera une transsexuelle brésilienne vivant à Paris et séquestrée par un esthète bizarre, Terranova. Mysticisme et athéisme font dès lors bon ménage avec une réflexion assez oiseuse sur l'identité sexuelle. Et tout cela se complique sérieusement, avec le dédoublement de certains personnages, au point que toute tentative d'explicitation du scénario relève de la gageure. On ne peut pas reprocher à Bonello, c'est vrai, d'avoir manqué d'ambition. On peut lui en vouloir en revanche d'avoir choisi un style dépouillé de toute émotion, touchant parfois à l'épure, pour aborder beaucoup trop de choses à la fois. Qui embrasse trop - assurément ici - mal étreint.
Antoine Rochat