Critique
Un père et son fils partagent depuis longtemps un appartement. Ils vivent seuls - la mère est morte - comme coupés du monde. Leur existence est peuplée de souvenirs et de rituels quotidiens. Parfois on dirait des frères. Comment définir ce lien, très fort et sensuel, qui les unit? Pourront-ils rompre un jour cette relation trop exclusive?
La sortie récente de L'ARCHE RUSSE a permis au grand public de découvrir Sokurov. Fidèle depuis longtemps à une écriture très personnelle privilégiant le cadre et les plans fixes, tout en cherchant avant tout à donner à l'image une valeur picturale et un pouvoir d'émotion, le cinéaste russe n'est pas d'un accès toujours facile. Il n'y a guère de dialogues ou d'explications dans PERE ET FILS, mais des gestes, des regards et une manière d'occuper l'espace à la manière d'un tableau qui fixe notre attention. Où l'étrangeté (la beauté aussi) l'emporte, c'est vrai, sur l'émotion.
Antoine Rochat
