Ticket to Jerusalem

Affiche Ticket to Jerusalem
Réalisé par Rashid Mashawari
Pays de production
Genre
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 10 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 458

Critique

Rashid Mashawari définit son film comme un documentaire-fiction. Ou l'inverse. Cela est d'autant plus vrai que la plupart des personnages jouent leurs propres rôles.

Jaber et Sana son épouse vivent dans un camp de réfugiés près de Ramallah. Elle est ambulancière. Lui est projectionniste. En dépit de l'incompréhension de ses amis, il s'obstine malgré tous les obstacles à sillonner le pays au volant de sa vieille jeep pour montrer aux enfants palestiniens, entre autres films, les BUSTER KEATON ou les CHARLOTS qu'il a pu dénicher. Un jour, une institutrice de Jérusalem lui propose d'organiser une projection dans une cour qui lui appartenait avant d'être réquisitionnée par les colons israéliens.

Dans INTERVENTION DIVINE (2002) un autre cinéaste palestinien, Eli Suleiman, avait déjà montré les tracasseries et les conditions de vie auxquelles sont soumis les Palestiniens et, par voie de conséquence, les soldats israéliens. Fiction-documentaire comme TICKET TO JERUSALEM, les non-sens et les absurdités résultant des occupations de territoires étaient narquoisement mis en évidence. En ressortaient également la tension et le climat explosif que cette situation apparemment sans issue engendre de part et d'autre. Le spectateur quittait la salle un peu désespéré par sa propre impuissance...

Avec TICKET TO JERUSALEM, de manière également proche du documentaire, le cinéaste fait aussi un état des lieux, n'occulte rien des barrages, des spoliations, des difficultés quotidiennes. Mais le regard qu'il pose est différent. L'acte de résistance de ce Palestinien - qui a grandi dans un camp de réfugiés de la bande de Gaza - c'est de donner à voir la patience opiniâtre de son peuple, tant à travers le rôle du projectionniste que celui des petites gens. Qu'un désespéré pète les plombs à cause du confinement dans lequel il vit, que l'ampoule du projecteur saute ou que la jeep rende l'âme, c'est la débrouille, l'amitié, la solidarité qui jouent pour que la vie, la survie, continue. En montrant aussi les petits travers de la vie (par exemple la jalousie de Sana qui croit que son mari a une liaison), il nous les rend d'autant plus proches et vrais. D'ailleurs seuls les deux protagonistes principaux sont des acteurs de métier.

Au premier degré, l'acte de résistance de Jaber, principal personnage de ce film, c'est communiquer son amour du cinéma. C'est-à-dire transmettre la culture, cet oxygène indispensable qui relie les hommes entre eux. L'autre personnage sur lequel Mashawari s'attarde, c'est la vieille Palestinienne de la millénaire Jérusalem, désormais confinée dans une seule chambre où elle cultive encore de son mieux son art - millénaire aussi - de recevoir... On voit que Jaber et Rashid Mashawari ne font en fait qu'un. Dans les dernières images du film, la petite cour de Jérusalem-Est est réinvestie par une foule de spectateurs palestiniens. En haut des escaliers, un jeune colon juif regarde furtivement vers l'écran. Une émotion, un espoir gagne le spectateur dans la salle...





Rashid Mashawari



Palestinien, Rashid Mashawari est né en 1962 et a grandi dans le camp de réfugiés de Shati, dans la bande de Gaza. A 18 ans, il entre dans le cinéma. Depuis, il a réalisé de nombreux films documentaires et de fiction, en abordant des thèmes liés à la question palestinienne, notamment: CURFEW, INTIZAR et HAIFA (1995), TENSION (1998), BEHIND THE WALLS (1999), OUT OF FOCUS (2000), LOVE SEASON et LIVE FROM PALESTINE (2001).

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