Petites Histoires

"La Patagonie offre ses paysages pour une fresque magnifique à haute densité humaine, déployant à partir de trois faits divers insignifiants les ailes paisibles de l'espérance et de la tendresse partagée.

Trois vies s'entrecroisent sur la route qui mène à San Julian. Il y a le vieux Don Justo, presque impotent, qui fugue le jour où Roberto, un voyageur de commerce, lui dit qu'il y a vu son chien Malacara, disparu trois ans plus tôt. Roberto, lui, est en quête du plus beau gâteau d'anniversaire pour René, l'enfant d'une veuve dont il est amoureux. Quant à Maria Flores, jeune femme timide, elle rejoint, son moutard sur les bras, les studios de la télévision locale de San Julian parce qu'elle vient d'être sélectionnée pour participer à un jeu stupide.

Ces trois trajectoires maîtresses vont en couper d'autres, et constituer la trame d'un film passionnant qui parle de la vie, du temps qui passe, des priorités diverses avec lesquelles nous l'habillons. Un film qui étale les paysages magnifiques de Patagonie comme décors grandioses et poétiques pour ces petites histoires personnelles. Petites, mais tellement précieuses pour chacun de leurs ""propriétaires"".

Don Justo, pathétique vieillard, est prêt à remuer les montagnes pour retrouver son Malacara de chien, seul être sans doute avec lequel la communion soit encore possible. Dans sa tête, l'animal l'a quitté pour une raison bien précise, gardée farouchement secrète jusque-là. Son voyage initiatique passera par les autres qui - avant les retrouvailles de l'homme et du chien - lui auront permis de s'affranchir de ses remords en dénouant peu à peu des liens du secret. C'est la trajectoire première, métaphysique et expiatoire.

Roberto cherche l'amour, rivé à son gâteau d'anniversaire dont la présentation lui donne des sueurs froides (et au film une agréable touche comique). Sans cesse sur les routes, ce voyageur de commerce aspire à un rythme plus humain que celui de sa voiture. Sa trajectoire affective doit croiser celle d'une compagne pour venir à bout de ses errances solitaires. Maria Flores, elle, n'a pas besoin d'amour: elle veut tenter sa chance pour améliorer son quotidien. Elle ne reviendra pas indemne elle non plus de sa trajectoire matérielle.

Et tous les autres personnages du film apportent leur pièce au puzzle, dans un enchaînement parfait de séquences qui forment ensemble une belle mosaïque. Astucieuse et de très belle allure, la mosaïque a pour couleurs la solidarité, la confiance et l'optimisme.





Carlos Sorin



Carlos Sorin est né en 1944 à Buenos Aires. Réalisateur reconnu dans le cinéma publicitaire, il réalise son premier film en 1986, LA PELICULA DEL REY, qui remporte de nombreux prix, dont un Lion d'argent au Festival de Venise. En 1989, il signe ETERNA SONRIA DE NEW JERSEY."