On dirait le Sud

"Tout va très vite dans ce Sud-là. Pas le temps d'écouter les cigales ni de faire la sieste. Et le scénario court plus vite encore que la caméra, roquet irascible mordillant les baskets des protagonistes.

Une histoire simple et originale: Gabriel vit avec sa sœur, sa mère et l'ami de sa mère dans le Sud de la France. Pour une raison qu'il vaut mieux taire pour garder intact l'intérêt, Jean-Louis, père des enfants, met toutes ses affaires dans une camionnette, embarque un copain de travail (qu'il appâte avec la promesse d'un splendide week-end à la mer), quitte définitivement Genève et planifie son retour-surprise au milieu des siens. La suite n'est que rebondissements, quiproquos et tergiversations.

""Je vois ce film comme une esquisse, dans le bon sens du terme: la trace d'un travail de recherche joyeusement imparfait, qui offre de l'espace à l'intuition, à l'instinct de jeu et aux surprises"", commente Vincent Pluss. On peut être agacé par l'incorrigible frénésie du récit et de sa forme. Mais on est avant tout séduit par la vitalité d'un cinéma à l'affût des mille et une facettes qui composent la vie: un geste, une couleur, une réplique, un cri. Un cinéma pourtant exigeant, abordant de front les situations coriaces qui résultent d'une séparation. Mettant au pied du mur tous les acteurs du drame, leurs discours, leurs émotions (surtout les plus exacerbées), leurs logiques. Pas de cadeaux.

Disparue la gravité un peu triste du court métrage TOUT EST BIEN. Ici, tout bouge, tout vibre, parce que tout vit. Après l'esquisse un peu brouillonne - les 66 minutes de ON DIRAIT LE SUD - la voie à suivre pour le jeune réalisateur suisse est sans doute au milieu... et dans les 30 minutes qui restent pour imaginer un bout de la suite!"