Critique
Pour son premier long métrage, Renaud Cohen met en place une gare de triage: de-ci de-là des wagons d’usages différents, les uns rutilants, les autres rouillés. Il attendent d’être placés sur une même voie et de trouver une locomotive pour faire un train et pour être conduits à destination.
Ce film d’une incroyable richesse thématique aborde des quantités de problèmes de société au cœur de notre quotidien. Il fait le portrait de plusieurs personnages qui gravitent autour d’une famille juive. Des cultures se croisent, des couples se cherchent, une grand-mère perd la tête et la vie, tandis qu’une femme délaissée par son mari donne vie à un bébé.
Simon, journaliste dans la trentaine, encore un peu adolescent (il donne le titre au film) a des comptes à régler avec son père «pied noir», juif et psychiatre. Il est attachant ce grand garçon qui fait tout pour aider ses copains et qui aimerait tant être père.
Il faudrait plusieurs pages pour faire la liste de tous les malheurs et de toutes les joies qui enrichissent cette œuvre de qualité. On regrette cependant l’absence de cette cohérence qui aurait permis à tous ses wagons de se rejoindre sur une voie. Mais peut-être que Renaud Cohen aime les puzzles. Il est vrai aussi que le rideau tombé, le spectateur d’abord surpris se met au travail et en tire un large profit. Le jeune cinéaste a sans doute le mérite de prendre les spectateurs pour des gens intelligents. C’est hélas assez rare.
Maurice Terrail