Critique
James Bond est une institution. Le 20e numéro de la série consolide encore ce sentiment. Dans notre monde où tout passe si vite, où tant de cinéastes - surtout producteurs en l'occurrence - s'ingénient à créer chaque fois qu'ils sentent frémir les salles une série cinématographique (le plus souvent elle s'essouffle après un lamentable numéro 2), il faut saluer cette capacité de 007 à se perpétuer. A défaut de se reproduire, il est passé maître dans l'art de s'auto-reproduire. Cela tient certes au renouvellement étourdissant des cataclysmes, des super-gadgets de combat et des sculpturales Bond Girls.
Mais cela tient plus encore aux métamorphoses subtiles qui s'opèrent d'un réalisateur à l'autre, d'un interprète à l'autre de l'espion. Tous sont au service du mythe, sans qu'aucun - là réside le vrai miracle - n'ait été tenté ou n'ait réussi à se l'approprier. Scénario et réalisation, parfaitement lisses et maîtrisés, concourent à la bonne facture de ces objets de luxe qui traversent l'histoire contemporaine avec l'habileté de l'anguille. Visages et peaux du méchant évoluent avec le temps, puisant dans l'actualité les éléments les plus hideux pour remodeler leurs masques.
Le 20e Monsieur Bond a pourtant quelques rides. Est-ce la torture prolongée que subit Pierce Brosnan dès le générique? Est-ce l'usure après de si longues années de service (Terence Young a tourné le premier épisode, JAMES BOND CONTRE DOCTEUR NO, en 1962)? Ou un petit passage à vide? 007 n'a ici ni le brio ni la fine ironie qui ont fait son succès dans nombre de chapitres antérieurs. On ne s' ennuie pas, mais on ne s'amuse plus autant. Un James Bond qui semble perdre ses ailes à trop devoir patauger dans le premier degré.
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