Succession (saison 4)

Le 21 juin 2023

De Jesse Armstrong

Etats-Unis, 2023

AVEC

Jeremy Strong

Brian Cox

Sarah Snook

Kieran Culkin

MUSIQUE

Nicholas Brittell

Genre: drame/satire

Durée : 10 épisodes de 56 à 88 minutes

DIST. : HBO/RTS

Âges : 16/16

Note : 19


Succession, la série phare de la chaîne étasunienne HBO, s’est achevée cette année avec une quatrième saison brillamment écrite et interprétée, diffusée par la RTS.


Rappelons en premier lieu les enjeux du récit aux accents shakespeariens qui guide la série depuis sa première saison, sortie en 2018 : Logan Roy, self made man vieillissant à la tête d’un conglomérat de médias aux États-Unis, est victime d’une attaque. Bien qu’il y survive, son état de santé amène son entourage à se poser la question de sa succession à la tête de son empire. Les candidats potentiels se déchirent alors, à commencer par ses enfants, hantés par la présence autoritaire d’un père pervers et obsédé par le pouvoir : si Kendall, le fils aîné souffrant de problèmes d’addiction était le favori durant la première saison, ce sont ensuite successivement sa sœur Shiv, froide et manipulatrice et son frère Roman, débordant de névroses en tout genre, qui ont espéré s’asseoir sur le trône avant de s’en voir écartés. Autour d’eux évoluent plusieurs « outsiders », notamment Tom, le mari de Shiv, un transfuge de classe lâche et ambitieux et son acolyte Greg, le cousin maladroit de la famille Roy qui tente tant bien que mal de s’imposer. Au fil des saisons, des alliances, des trahisons et des coups de poker, la série dépeint des destins marqués par une certaine fatalité : les failles des personnages finissent toujours par les rattraper et par les empêcher d’arriver à leurs fins. Par ailleurs, au-delà des captivantes luttes de pouvoir qui se jouent entre ces protagonistes la série propose une satire acerbe de ces nantis souvent ridicules et entièrement déconnectés de la réalité.


La saison 4 débute alors que le patriarche a pris la décision de vendre son empire à un exubérant entrepreneur suédois, mettant ainsi ses enfants sur la touche. Ces derniers s’allient alors dans l’espoir de tirer leur épingle du jeu, mais un bouleversement inattendu redistribue soudain les cartes. Au niveau de la structure, la saison parvient à allier une progression parfaitement maîtrisée du récit d’ensemble, tout en proposant des épisodes d’une grande cohérence interne, souvent marqués par une unité de lieu et d’action (un séjour en Suède, un mariage, un enterrement, une soirée électorale, etc.). Par ailleurs, le récit donne enfin à voir les conséquences directes des actions de ces super-riches sur le commun des mortels, en mettant en scène une élection remportée par un candidat d’extrême droite grâce aux manipulations médiatiques des membres de la famille Roy.


Toujours réalisés selon une logique de « faux sur le vif », en caméra à l’épaule avec son lot de zooms et de recadrages, ces dix épisodes conclusifs permettent aux comédiennes et comédiens de proposer une interprétation tout en nuance de leur personnage et offre à chacun un dénouement à la hauteur de la construction narrative savamment construite au fil des saisons, jusqu’à un final choral amer sur une composition lancinante de Nicholas Britell.