Euphoria

Le 03 décembre 2020

Euphoria

De Sam Levinson

USA, 2019


DISTRIBUTION

HBO


SAISON 1

8 épisodes

de 54 à 66 minutes


ACTEURS

Zendaya

Hunter Schafer

Jacob Elordi

Barbie Ferreira

Sydney Sweeney


MUSIQUE

Labrinth


GENRE Drame


ÂGE 16


NOTE 18

Distribuée par HBO, la première saison d’Euphoria se penche avec subtilité sur les problèmes des adolescents d’aujourd’hui.

Rue (Zendaya), 17 ans, a frôlé la mort suite à une overdose. Après une pénible cure de désintoxication, elle tente de reprendre sa vie en main. De retour en classe, elle se lie avec Jules (Hunter Schafer), une jeune femme transgenre qui vient de rejoindre son école. Les sentiments qu’elle développe peu à peu pour sa nouvelle amie amènent la jeune femme à vouloir combattre son addiction aux médicaments. Le chemin est toutefois semé d’embûches, et les drames adolescents de sa dernière année de lycée vont l’amener sans cesse à voir dans les drogues une solution facile à ses problèmes. D’autant que les autres jeunes gens qui l’entourent ont eux aussi leur lot de névroses, même s’ils ne souffrent pas de la même addiction qu’elle: Nate (Jacob Elordi), la star de l’équipe de football locale, fait preuve d’un comportement excessivement possessif avec sa petite amie Maddy (Alexa Demie) pour dissimuler ses propres questionnements quant à sa sexualité; Kat (Barbie Ferreira), complexée par son poids, trouve une source de revenus facile et une nouvelle confiance en elle en proposant des lives à des inconnus sur des sites pornographiques; Cassie (Sydney Sweeney), quant à elle, s’est toujours laissée filmer par ses partenaires lors de leurs ébats, ce qui lui a valu une mauvaise réputation de laquelle elle peine à se défaire.

La série n’émet aucun jugement sur les difficultés que rencontre chacun de ces jeunes. Elle s’efforce au contraire de montrer de manière brute une réalité souvent cachée ou édulcorée par la plupart des productions actuelles. Elle évite de plonger dans le pathos, et ne se complaît jamais dans la souffrance des protagonistes: ces derniers parviennent toujours à faire sourire par leur humour souvent teinté de cynisme, et à émouvoir par leur volonté d’être acceptés pour ce qu’ils sont dans un monde hyper-sexualisé qui ne semble laisser que peu d’espace aux sentiments amoureux. Le récit parvient ainsi à aborder des thématiques graves et centrales pour la «génération Z», des problèmes liés aux réseaux sociaux et aux dangers d’un accès facilité aux drogues, tout en évitant avec brio l’écueil du manichéisme.

Au-delà de son écriture brillante, qui détourne les codes du teen movie pour en tirer un propos beaucoup plus sombre et réaliste, Euphoria doit énormément au talent de ses interprètes, à commencer par Zendaya, toujours juste dans son incarnation de Rue, donnant à sentir avec subtilité les combats intérieurs du personnage. La réalisation n’est pas en reste, multipliant les idées de mise en scène intelligentes et les mouvements de caméra virtuoses pour plonger le spectateur en immersion dans le quotidien de la jeunesse tourmentée d’une petite ville étasunienne. Le tout est sublimé par une bande-son audacieuse et moderne, intégrant des compositions originales de l’artiste britannique Labrinth, parfaitement en phase avec l’esprit de la série. HBO réussit ainsi parfaitement sa première série «pour ados», qualificatif réducteur tant le résultat mérite d’être mis entre toutes les mains.


Noé Maggetti