L'édito de Nadia Roch - Notre-Dame de la Croisette (Daniel Schmid, 1981)

Le 15 mai 2014

Dans quelques jours, le festival de Cannes ouvrira ses portes. A l'image du moyen métrage de Daniel Schmid, traversons ensemble les coulisses de la manifestation la plus prestigieuse du 7e Art. Tout d'abord, il faut être accrédité pour accéder aux projections.

Dès lors, il existe un nombre de cartes impressionnant : la rose, la bleue, la jaune, celles avec une pastille, celles des organisations internationales avec des abréviations, celle des cinéphiles... Certaines vous permettent, en vous encolonnant au moins deux heures avant, d'aborder les compétitions parallèles comme Un certain regard, La Semaine de la critique, La Quinzaine des réalisateurs, Cannes Classics..., mais elles ne vous autorisent pas à monter les fameuses marches le soir à 19h.30.
Pour vivre ce rêve, même s'il ne faut pas se mettre à genoux devant Notre-Dame de la Croisette (soit dit en passant, Daniel Schmid préférait Locarno à Cannes), le parcours du combattant commence : si vous faites partie des privilégiés qui ont droit à la borne pour réserver vos billets, le programme vous attribue un nombre de points (200 au départ puis un point supplémentaire toutes les deux heures!) que vous gérez en fonction de vos envies. Bien sûr, fouler le tapis rouge en compagnie de Brad Pitt et d'Angelina Jolie demande 300 points, alors que le film coréen n'en n'exige que 50! L'envie d'apercevoir les stars étant la plus forte, vous sacrifiez les autres projections pour vivre ce grand moment. Vos tickets en poche, vous sortez de la naphtaline le costume de pingouin et la robe de soirée en espérant que cette dernière corresponde encore à la forme de vos hanches! Arrivés au bas des marches, vous êtes saisis par l'émotion : devant une foule en délire et tous les photographes, vous vous sentez l'âme d'une star en montant ces égras, dont la progression est rendue difficile par des talons inhabituellement hauts ! Au sommet, président et directeur artistique du festival vous accueillent.
Avant de pouvoir vous asseoir, vous êtes contraints de présenter badge, code-barre, billet, puis de passer à la fouille des sacs, sans oublier de subir le détecteur de métaux, bras écartés. Les placeurs vous dirigent ensuite rapidement vers votre fauteuil. Puis l'équipe du film arrive et entre dans la salle... tout le monde se lève et se précipite pour admirer les vedettes... A la fin de la projection, un tonnerre d'applaudissements ou quelques sifflets pour les plus mal élevés (ou les moins hypocrites) retentissent. Puis les stars quittent la salle et le public rentre..., tout cet effort et cette énergie pour un bref instant de glamour..., c'est ça la magie de Cannes!

Nadia Roch