L'édito de Sabrina Schwob - Du politique au cinéma
Le 08 mars 2017
Au-delà des paillettes et des gossips qu'ils engendrent– présence de stars oblige – les événements cinématographiques de ce mois de février auront fait la part belle au "politique".
Du programme de la Berlinale, qui selon son directeur Dieter Kosslick, n'aura jamais « autant reflété la situation politique actuelle » aux discours anti-Trump déclamés lors des cérémonies des Oscars et Césars, en passant par la nomination et l'attribution de prix à des artistes noirs ( oscar du meilleur film à Barry Jenkins pour Moonlight et oscar du meilleur second rôle à Mahershala Ali), encore très minoritaires dans le cinéma américain et européen. Le rapport du cinéma à son contexte d'émergence paraît donc en effet au centre de l'attention.
Des innombrables questionnements que cela pourrait soulever, nous choisissons une interrogation directement en lien avec les films eux-mêmes: comment l'esthétique interagit-elle avec le contenu (subversif) du film? N'importe quelle forme peut-elle être employée pour traiter d'un sujet? Le documentaire Tadmor de Monika Bergman et Lokman Slim pose le problème de manière exemplaire. D'anciens détenus d'une des prisons « les plus terribles du régime Assad » mettent en scène leur cauchemar – emprisonnenement, torture, survie. Ils le revivent en jouant leur propre rôle, alterné à celui des bourreaux. Alors que le conflit syrien entre dans sa septième année, le soulèvement populaire contre le régime ayant débuté en mars 2011–, ce documentaire opte pour la fiction afin de témoigner d'un vécu auquel nous n'aurons jamais accès immédiatement.
Ce film, présenté dans plusieurs festivals et notamment primé à la dernière édition de Visions du Réel à Nyon sera projeté le 18 mars prochain en présence de ses réalisateurs au Zinema, à Lausanne, avant d’y être à l’affiche comme dans d’autres salles de Suisse
Sabrina Schwob