L'édito de Antoine Rochat - Ces films qui nous viennent d’ailleurs…

Le 28 juin 2017

Il y a longtemps que les films américains (du Nord) et européens occupent l’immense majorité de nos écrans. Sur les quelque 360 longs métrages qui sont sortis en Suisse romande depuis une année, il n’y en a qu’une quarantaine seulement provenant d’Amérique du Sud, d’Afrique, d’Asie ou Océanie, soit un petit 11-12%.

Mais il y a pourtant progrès: dans les années 80 on ne dépassait pas la dizaine (soit 2 à 3%) par an. Par la suite, grâce au travail de plusieurs maisons de distribution, en particulier trigon-film - qui vient de fêter son trentième anniversaire* -, on a découvert peu à peu les cinématographies de pays lointains. Filmcoopi aussi distribue de tels films, tout comme Xenix, Frenetic, Look Now!, Praesens, Outside the Box pour n’en citer que quelques-unes. Sans oublier la Cinémathèque suisse et des cinémas (Bellevaux, City-Pully, Grütli, Scala - la liste n’est pas exhaustive) qui entretiennent également des relations étroites avec les circuits de films qui viennent d’ailleurs. On rappellera en passant que Ciné-Feuilles s’est toujours intéressé à cette production-là et que Martial Knaebel, directeur artistique du Festival international de films de Fribourg (FIFF) pendant une vingtaine d’années, fut l’un des chroniqueurs de notre bulletin jusqu’en 1990. Il continue aujourd’hui de rédiger des fiches dans la publication bisannuelle de trigon-film, dirigée par Florence Michel.

Pourquoi insister sur ce secteur cinématographique particulier? Parce qu’il tente peut-être de rapprocher les habitants de notre planète et de faire connaître d’autres manières de penser et de vivre. Walter Ruggle, directeur de trigon-film, rappelle fort bien cette nécessité de chercher à comprendre ce qui se passe ailleurs, loin de chez soi:

«Quelles sont les réalités, ailleurs? Celles du dedans comme celles du dehors? Les confortables et les inconfortables? Dans le monde entier les cinéastes documentent et mettent en scène des histoires, se rapprochent de la vie, plongent dans l’être. Ils essaient de nous transmettre une part d’eux-mêmes, ils ne ménagent aucun effort pour atteindre une vérité filmique qui puisse nous toucher, nous émouvoir, nous déconcerter, dans le meilleur des cas nous faire progresser un peu dans ce que nous sommes.»**

Un objectif ambitieux sans doute, mais absolument indispensable.

Antoine Rochat

**Couleurs du monde - Pensées de cinéastes sur leur art, éd. trigon-film, p. 3.