L'édito de Adèle Morerod - De l’attente

Le 03 décembre 2020

Au moment où vous ouvrirez ce numéro, nous serons entrés dans la période de l’Avent et de l’anticipation des Fêtes… avec toujours autant d’incertitudes. Peut-être que de nouvelles consignes seront tombées concernant les salles de cinéma, peut-être que la perspective de la fin de l’année se parera de partage et de retrouvailles. «Que sera, sera», comme chantait Doris Day dans L’Homme qui en savait trop version 1956 de Hitchcock.

A défaut de n’en savoir ne serait-ce qu’assez, vous trouverez dans les pages qui suivent de quoi patienter encore un temps et, nous l’espérons, de rêver un peu après des films, séries, articles de tous genres. Attente, incertitude, découragement font également partie de La Vie que nous voulions (What We Wanted), qui se penche avec sensibilité sur le parcours délicat d’un couple en mal d’enfant. Ou, de façon plus frénétique, dans Le Jeu de la dame et sa jeune héroïne obsédée par ses tournois d’échecs.

Mais aussi des reflets plus directs de l’actualité avec un panorama des façons dont l’Amérique s’est imaginé ses présidents à l’écran; ou à rebours, celle du confinement que semblait nous conter Fernando Pérez en 2017 dans Derniers jours à La Havane. Et dans un registre plus triste, celle de la disparition de Michel Robin et Claude Giraud, à qui il est rendu hommage ici.

Enfin, et peut-être surtout, des sursauts de vie. Dans la révolte de la jeune protagoniste de I May Destroy You ou dans l’inventivité des cinéastes brésiliens qui créent des récits à partir d'un dispositif minimal. Et, dans Sur le chemin de la rédemption (First Reformed) de Paul Schrader présenté en 2018 à Locarno, ils se trouvent, entre joie simple et douceur inattendue, dans les rares moments suspendus face à un monde qui se délite.