À chœur ouvert
Le 10 février 2021
De Bianca Barnes-Williams et Pharrell Williams
VOICES OF FIRE
USA, 2020
DIFFUSION
Netflix
MINI-SÉRIE
6 épisodes
de 31 à 42 minutes
PRODUCTION
Bianca Barnes-Williams
Pharrell Williams
GENRE Documentaire
ÂGE 7
NOTE 15
NAACP Image Award de la Meilleure série de téléréalité
Comment se forme une chorale de gospel interculturelle de très haut niveau? Cette mini-série y répond en suivant le projet d’Ezekiel Williams, responsable d’une Eglise africaine méthodiste épiscopale, soutenu par son neveu, le chanteur et rappeur Pharrell Williams.
La musique gospel afro-américaine a conquis depuis des années un très large public. Quoique fort appréciée, peu en connaissent les groupes contemporains et savent comment ces chœurs se forment, travaillent et répètent. Cette mini-série documentaire retient donc l’attention avec la création d’une étonnante chorale formée de 75 choristes mixtes, d’origines ethniques et de cultures diverses, destinée à offrir ainsi un témoignage chrétien dynamique et créatif, susceptible de toucher largement. L’évêque Ezekiel Williams s’assure pour cela de l’appui de son célèbre neveu, qui à cette occasion revient dans le lieu de ses racines à Hampton Roads en Virginie, et d’un jury d’experts, qui sélectionnera 25 altos, 25 sopranos et 25 ténors et les fera travailler jusqu’au premier concert et la tournée qui s’ensuivra.
Le projet ayant été largement diffusé, ils sont près de 1'200, hommes et femmes de tous âges, de toutes conditions et de toutes cultures (gospel, country, évangélique...), à manifester leur intérêt et vouloir tenter leur chance. Trois cents candidats sont convoqués au casting qui se déroule sur trois jours consécutifs.
Rêves, attentes et déceptions s’expriment dès le premier épisode où les auditions s’enchaînent: une Amérindienne, un étudiant, une mère de famille, une immigrée, une chanteuse dans sa paroisse… font tour à tour face au jury, avec 2-3 minutes pour convaincre. Chacun interprète a cappella un chant retenu sur la liste proposée devant le pasteur, assisté de Peggy Britt, une soliste de gospel, de Larry George, directeur musical, et de Patrick Riddick, chef de chœur. Les larmes coulent, les compliments déséquilibrent... et la rude expérience, sans filet, se poursuit par une ou deux questions, relatives au parcours personnel de l’interprète. Tout cela permet de comprendre que l’équipe responsable ne recherche pas seulement de belles voix, sûres, mais des voix uniques, que ce soit par leur vibrato, par l’émotion qu’elles suscitent ou par leur puissance et la dynamique dont elles sont capables. Ezekiel Williams et ses proches veulent trouver de véritables «licornes», autrement dit des choristes d’exception tant par leur voix que par leur présence, puisque ce chœur veut également faire du prosélytisme. Aussi fait-on la connaissance d’une femme de 42 ans dont la mère fut assassinée alors qu’elle en avait 10, de ce chanteur de 33 ans asocial, de cette frêle jeune fille blanche qui n’entend que d’une oreille, de ces jumeaux dont l’un s’avère capable de reprendre la moindre inflexion de l’autre...
Une fois effectué le choix des choristes, Patrick Riddick teste leurs aptitudes à former un véritable chœur - et non un agglomérat d’individualités - où les voix s’harmonisent et se complètent. Reste encore à déterminer qui prendra quel solo, avant d’établir l’ordonnancement des morceaux, soit le programme du concert. Autant dire que chaque choriste reste sur la sellette, alors que s’opèrent les derniers ajustements.
S’agissant d’une série documentaire, on perçoit avec force le doute, la persévérance, l’enthousiasme, le trac... des chanteuses et chanteurs. Certes, les quelques candidats suivis lors du casting se retrouvent en majorité retenus, mais certains après un repêchage, car l’équipe hésitait encore après les trois premiers jours éliminatoires. D’ailleurs, une fois un premier groupe retenu, mais encore en surnombre, d’intenses répétitions se mettent en place à l’issue desquelles les 75 membres seront définitivement désignés. Tension et suspense accompagnent donc les épisodes 3 à 5 avant le tout premier concert à Norfolk en Virginie.
Travail vocal et rythmique, solos et témoignages alternent dans cette mini-série qui hélas surligne, voire répète, le récit de vie de l’un ou de l’autre. Et si les cinq premiers épisodes immergent au cœur d’un projet pastoral et musical de grande qualité, le dernier déçoit en rendant insuffisamment compte du concert qui lança la tournée de ces Voix de feu dont s’entoure parfois leur célèbre coach.
Serge Molla