L'édito de Adrien Kuenzy - Chercher les fantômes

Le 26 janvier 2022

Vous êtes peut-être cloîtrés à la maison sur ordre du médecin cantonal, à vous sentir, devant la glace, comme le spectre de vous-mêmes. Heureusement, après la libération, le cinéma vous tendra un autre miroir, capable de révéler les vrais fantômes. Ceux qui restent après le drame, ceux qui apparaissent pour calmer la douleur, ceux qui finissent par transformer le mystère en fable. Mais pour l’instant, patience… les premières étincelles peuvent déjà se lire dans ce numéro, quand au détour d’une ligne, déjà une part de l’œuvre se déploie.

Quand on y découvre que le passé laisse des traces, comme dans Memoria du Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, très apprécié par notre critique. Ici des parcelles de la nature se fondent dans la psychologie des personnages - ou l’inverse. Au moment de sentir l’ambiance post-apocalyptique racontée autour du film Costa Brava, Lebanon, de la cinéaste libanaise Mounia Akl, chaque élément devient le terreau d’un malheur dont les personnages cherchent à s’éloigner.

Dans le magnifique Serre moi fort de Mathieu Amalric, ce sont les souvenirs qui se matérialisent sous les yeux d’une femme endeuillée; des objets du quotidien prennent alors une autre dimension, se rattachant toujours aux êtres aimés. Le cinéaste français rend ici concret, par les pouvoirs du cinéma, toutes les sensations d’un bonheur disparu. À l’image aussi de Spencer du Chilien Pablo Larraín, dans lequel Lady Di cherche à s’extraire d’un lieu qui l’étouffe, en laissant la folie l’emporter dans d’autres décors, jusqu’à être en présence de ses propres peurs. Enfin Ghostface, le tueur au masque de fantôme, se cache encore dans le cinquième opus de Scream, peut-être pour la dernière fois? Contrairement à l’ensemble de la presse romande, notre critique en fait l'éloge et nous explique pourquoi l’horreur s’immisce chez celles et ceux qui lui avaient tant de fois échappé. Bonnes découvertes!