L'édito de Sabrina Schwob - Bouquet cinématographique

En même temps que les beaux jours, le retour, enfin, de la vie culturelle. Retour, aussi inattendu qu’inespéré, sur les chapeaux de roue, quoique sous un format hybride, selon le terme consacré.

L’hybridité s’expose aussi sur nos écrans qui, comme en juin dernier (voir l’édito du 18 juin 2020), récupèrent d’anciennes sorties (Pour l'éternité au Bellevaux, Adolescentes au CityClub, par exemple), des classiques également (comme Buffet froid ou Fedora aux Pathés Les Galeries) mais n’oublient pas de proposer une programmation inédite. Avec notamment Drunk de Thomas Vinterberg (Festen, La Chasse, Kursk), drame dans lequel les protagonistes feront l’expérience revigorante de l’alcool avant d’en subir les revers négatifs. Ou encore Lux Æterna, résultat imprévu d’une commande publicitaire pour Yves Saint Laurent à Gaspar Noé (!), dans lequel le cinéaste violente encore une fois la perception de son spectateur (pas d’images choquantes cependant) et l’entraîne dans le dédale infernal d’un tournage, porté par Charlotte Gainsbourg et une Béatrice Dalle à l’arrogance fougueuse.

Dans nos pages encore s’exprime l’hybridité. Nous poursuivons avec les chroniques, celle de ce numéro est consacrée à Yves Robert, et les analyses de films disponibles en ligne ou DVD. Par exemple, le dystopique Possessor de Brandon Cronenberg (en DVD), proche de l’univers du père Cronenberg ou Francofonia de Sokourov (disponible sur filmingo) qui ajoute aux archives et aux reconstitutions l’imaginaire pour interroger les rapports entre art et politique. Mais nous y ajoutons un aperçu de Visions du Réel, qui témoigne d’un regard inquiet sur l’actualité, que ce soit dans les rapports entre les nations, les individus ou entre l’homme et la nature, et couvrons des films à l’affiche. À côté de ces œuvres audacieuses, un entretien avec Nicolas Wittwer sur la situation actuelle du CityClub, ensemble qui vous donnera, on l’espère, envie de reprendre le chemin des salles, malgré la douceur printanière!