Le Sel de la Terre

Affiche Le Sel de la Terre
Réalisé par Wim Wenders, Juliano Ribeiro Salgado
Titre original The Salt of the Earth
Pays de production Brésil, France, Italie
Année 2014
Durée
Musique Laurent Petitgand
Genre Documentaire, Biopic
Distributeur filmcoopi
Acteurs Wim Wenders, Juliano Ribeiro Salgado, Sebastião Salgado
Age légal 10 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 710
Bande annonce (Allociné)

Critique

Tout en peaufinant la sortie de son prochain film (Every Thing Will Be Fine, en 3D!), Wim Wenders a réalisé Le Sel de la Terre, très beau témoignage consacré au photographe brésilien Sebastiao Salgado, en collaboration avec son fils, le cinéaste Juliano Ribeiro Salgado. A travers des photographies en noir et blanc présentées et commentées par le photographe lui-même, par des documents d’archives et des vidéos, Wim Wenders et Julian Ribeiro Salgado ont réussi un coup de maître.
Personnage hors du commun et voyageur infatigable (il a travaillé dans plus de cent pays), Salgado a exposé ses œuvres dans les lieux les plus prestigieux du monde. De Sahel: l’Homme en Détresse (1986, pour MSF) à Genesis (2013) il a publié plus d’une douzaine d’albums qui font référence dans le monde de la photo. Dans Exodes (2000) il écrivait: «Plus que jamais, je sens que la race humaine est une. Au-delà des différences de couleur, de langue, de culture et de possibilités, les sentiments et les réactions de chacun sont identiques. Les gens fuient les guerres pour échapper à la mort; ils émigrent pour améliorer leur sort; ils se forgent de nouvelles existences dans des pays étrangers: ils s’adaptent aux pires situations…».
Sebastiao Salgado – il a aujourd’hui 70 ans – a quitté très jeune le Brésil, fuyant la dictature militaire. A Paris il a débuté professionnellement dans le secteur de l’économie: il a donc appris à connaître ce qui fait tourner la monde… En 1973, il change pourtant d’orientation, devient photographe et travaille pour les agences Sygma, Gama et Magnum jusqu’en 1994, avant de créer sa propre entreprise. Il voyage beaucoup (surtout en Amérique latine et en Afrique) et dévoile alors ce que nous connaissons tous aujourd’hui: la misère des populations luttant contre la soif, la faim, la maladie, la présence de la mort. Mali, Congo, Rwanda, ex-Yougoslavie, Irak, il a vu l’horreur des peuples traqués, des camps de réfugiés, des exodes, des génocides. Pendant quarante ans, il a suivi la marche du monde: il dit qu’il en est sorti l’âme malade…
De retour au Brésil en 1998, il retrouve le domaine familial d’Aimores en état de déforestation et de sécheresse. Avec sa femme Lélia, son associée de toujours, il va rendre à la nature ces terres surexploitées et épuisées, prenant la tête de plusieurs projets écologiques - aujourd’hui réalisés (Forêt Modèle, Instituto Terra) - de restauration de forêts le long de la côte atlantique, en faisant planter des millions d’arbres.
On se rappelle que Wim Wenders est (aussi) photographe et documentariste. Discrètement, en voix «off», il raconte la genèse de ce film et son admiration pour Salgado. Le Sel de la Terre (Prix spécial UCR à Cannes et Mention du Jury œcuménique) est un hommage à un homme étonnant, militant et déterminé, qui a posé avec pertinence son regard sur notre planète, passant beaucoup de temps avec tous les gens qu’il a photographiés. Une réflexion aussi sur la survie de notre monde, un survol en images d’un demi-siècle d’histoire contemporaine, des clichés souvent tragiques (mais sans aucun voyeurisme), des photos où l’émotion et l’empathie l’emportent toujours. Salgado parle aussi d’espoir: le monde, dit-il, est fragile, mais la guérison est possible.

Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 18
Georges Blanc 17
Daniel Grivel 18
Nadia Roch 18
Anne-Béatrice Schwab 18