Marx peut attendre

Affiche Marx peut attendre
Réalisé par Marco Bellocchio
Titre original Marx può aspettare
Pays de production Italie
Année 2021
Durée
Genre Documentaire
Distributeur Cinémathèque Suisse
Acteurs Marco Bellocchio
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 878

Critique

Dans une œuvre des plus personnelles, le cinéaste revient sur une tragédie familiale refoulée et refaisant surface grâce au cinéma. 


Le cinéaste italien Marco Bellocchio, dont la réputation n'est plus à faire depuis son rageux et premier long-métrage Les Poings dans les poches (1965), a présenté son dernier documentaire cette année à Visions du réel, où il s'est vu décerné un Prix d'honneur. Si les thématiques familiales issues de sa propre expérience parsèment ses films, elles sont, dans cette (auto)biographie, abordées frontalement tandis que les questions politiques, constitutives de son œuvre, sont rejetées en toile de fond.

Ce lien entre ses films et son vécu familial s'inscrit dans le récit, par un entremêlement entre des séquences de ses films avec les témoignages de ses frères et sœurs, les photographies familiales et quelques images d'archives. Ceci pour aborder un événement traumatisant, le suicide à 29 ans de son frère jumeau, Camillo. Bellocchio s'inscrit également dans ce film, par des contrechamps sur lui, des adresses directes des intervenant.es ou encore par son propre témoignage face caméra. Le caractère personnel du documentaire est ainsi souligné, alors que sont évoqués le passé de son frère, dès sa naissance miraculeuse, sa mélancolie constante et son impossibilité de s'affirmer au sein d'une famille intellectuelle pour lui qui ne l'est pas. Son conformisme et son indifférence politiques trouvent donc une cause familiale. La religion, véritable joug dans la famille Bellocchio, revient sans cesse dans les discours, parfois avec humour. Loin d'être aussi poignant que d'autres de ses films, ce documentaire a pourtant un intérêt certain dans la manière qu'a le cinéaste de se questionner sur sa propre responsabilité dans cet événement. Alter-ego sans talent du cinéaste, Camillo lui adresse une lettre d'appel à l'aide, ignorée puis oubliée. La toile de cinéma deviendra de ce fait le lieu de resurgissement d'une culpabilité refoulée : toute la famille, à une échelle différente, est responsable du suicide de Camillo, centrés qu'ils étaient sur leurs intérêts et incapables d'un lien affectif au sein d'une éducation austère. Ce sont ces dénonciations là qui permettent au film de dépasser la seule histoire personnelle pour rejoindre les préoccupations de l'œuvre de Bellocchio, centrées sur une critique de la bourgeoisie.

Sabrina Schwob

Appréciations

Nom Notes
Sabrina Schwob 14